Visite de la Cité radieuse par les étudiants en 2e année de BTS Compta-Gestion

Visite de la Cité radieuse par les étudiants en 2e année de BTS Compta-Gestion

Vendredi 9 décembre, les étudiants se sont rendus à la Cité radieuse, construite par l’architecte Le Corbusier entre 1947 et 1952. Mondialement célèbre, ce bâtiment impressionnant mérite une visite, menée ici dans le cadre du cours de culture générale et du thème national au programme des examens, "Dans ma maison".

Comment est née la Cité radieuse ?

Maquette de la Cité radieuse, façade ouest.
L’entrée se fait par l’auvent avec valet parking ressemblant aux hôtels américains.

La Cité radieuse a été construite entre 1947 et 1952 par le Corbusier, de son vrai nom Charles Edouard Jeanneret qui était d’origine suisse. Ce grand bâtiment a été créé par l’État français en raison de la reconstruction de la ville due aux bombardements de la seconde Guerre mondiale. La "Maison du Fada" a été terminée en 1952 et a logé en premier les salariés fonctionnaires. En 1952, le Corbusier innove avec la création de la Cité radieuse, un immeuble en béton ce qui va notamment lui causer un procès car les Marseillais se plaignaient de la laideur du bâtiment (le procès a été gagné par l’architecte). On l’appelle "la Maison du Fada" car à l’intérieur du bâtiment il y avait énormément d’éléments très modernes comme le système de livraison des courses. En effet, dans le supermarché du bâtiment on pouvait commander ses courses et se les faire directement livrer chez soi par un système de trappe à laquelle on accédait directement depuis la cuisine. Le locataire avait aussi droit à la livraison de glace pour pouvoir conserver les aliments frais car à l’époque, le réfrigérateur n’existait pas.

Présentation du bâtiment dans son ensemble, structure du bâtiment.

Cité radieuse, côté rue
On observe les pilotis qui soutiennent le bâtiment.
Mur de la Cité radieuse
Le coffrage en bois transparaît sous le béton.

Le bâtiment, comportant plus de 300 appartements, est supporté par 34 pilotis qui libèrent la vue sur la mer. Ils permettent aussi de libérer l’espace et donc de mieux circuler : on n’est pas obligé de faire le tour pour aller à l’accueil du bâtiment. A l’intérieur de chaque pilotis s’écoulent les eaux usées ainsi que les déchets des vide-ordures de chaque appartement. Le bâtiment est construit à partir de béton brut qui prend la forme du coffrage en bois et rend chaque mur unique grâce aux empreintes différentes. L’architecte a choisi de laisser le béton brut apparent notamment sur les pilotis : la démarche est artistique. Il y a même des modulors dessinés sur les murs.
Sur la façade, on peut voir des loggias pour laisser entrer le soleil tout en protégeant du vent. Sur chaque loggia, il y a des couleurs différentes : chaque couleur est associée à un type d’appartement (une chambre, 2 chambres...) Là où il n’y a pas de couleurs ce sont pour les espaces communs (tour des ascenseurs, rues, toit terrasse...). Au milieu du bâtiment, se trouve la tour des ascenseurs ; on repère la rue commerçante grâce à ses longues fenêtres qui sont en réalité des coupe soleil, laissant passer la lumière sans éblouir.

Quelles sont les différentes fonctions de la Cité radieuse ? Qu’est-ce qu’un village vertical ?

Façade Est de la Cité radieuse
A gauche, la colonne d’ascenseurs ; à l’étage intermédiaire la rue commerçante.

La Cité Radieuse a été conçue comme un « village vertical », c’est-à-dire qu’il y a 12 étages de 337 appartements. L’ensemble est vertical pour faire en sorte qu’on n’ait pas une ville trop étendue (cela s’appelle la densification). De plus, il y a une grande surface qui sert de jardin pour tous. La Cité Radieuse répond à différentes fonctions :
- Habiter : il y a plusieurs types de logements, du studio pour célibataire aux grands appartements de plus de 200m2. Il y a aussi un hôtel qui permettait d’accueillir les invités des résidents gratuitement... Aujourd’hui, c’est devenu un hôtel touristique.
- Travailler : il y a des bureaux où les personnes travaillent ainsi qu’une école maternelle et une rue commerçante à l’étage intermédiaire. En 1952, il y a une boulangerie, une boucherie, une poissonnerie, une épicerie en self service (ce qui est très nouveau à l’époque), un coiffeur. Aujourd’hui, beaucoup ont fermé en raison de l’évolution de la société (travail des femmes, création des grandes surfaces…)
- Cultiver le corps et l’esprit : il y avait un gymnase qui est devenu aujourd’hui une galerie d’art et une piste de course de 300m sur le toit.
- Circuler : Il y a des ascenseurs ainsi que des escaliers. Les couloirs sont appelés des "rues" ; le bâtiment est comme une petite ville.

Zoom sur un logement : quelles sont les particularités des logements prévus par Le Corbusier ?

Appartement témoin
Le salon et la cuisine ouverte.
Appartement témoin
La cuisine conçue par Charlotte Perriand

Les logements qui composent l’immeuble de la cité radieuse sont nommés des "cellules".
Chaque pallier de porte est surmonté d’un éclairage.
A l’extérieur de chaque appartement, il y a une glacière reliée à la cuisine afin de garder les produits au frais ainsi qu’une trappe de livraison.
Chaque type de logement est prévu afin d’optimiser de la place. La plupart des appartements sont en duplex. Ils bénéficient d’une grande bais vitrée qui fait entrer la lumière et qui ouvre sur le paysage extérieur. Les volumes sont spacieux.
Un appartement type est composé :
- d’une entrée pour isoler de la "rue".
- d’une petite cuisine américaine ouverte qui n’a pas plu à l’époque car il n’y avait pas assez de place (la cuisine a été pensée afin de faire le moins de mouvements possibles et d’avoir tout à portée de main)
- d’une salle à manger reliée à la cuisine par un meuble qui s’ouvre des deux côtés.
- d’une chambre pour les parents disposant d’une table à langer pour les bébés.
- de deux chambres d’enfant séparées par une porte coulissante afin de séparer les chambres mais de pouvoir les réunir comme un espace de jeu.
 d’une salle de bain, d’une douche et de deux lavabos dans les chambres d’enfant. Cet accès à l’hygiène est très rare à l’époque de construction.
 d’étagères et meubles intégrés qui permettent de gagner de la place en limitant le nombre de meubles.

Qu’est-ce que le modulor ?

Le modulor

Le modulor est une mesure architecturale créée par le Corbusier en 1945. Silhouette humaine d’1m83. Le Corbusier s’est inspiré de l’Homme de Vitruve et des travaux de Leonard de Vinci sur les proportions idéales. Elle a été choisie et utilisée comme unité de construction afin de concevoir les habitations. Selon le Corbusier cette mesure était idéale pour le confort des habitants au sein de leur espace vital. Elle représentait pour lui la mesure universelle.
Jeu de mots entre "module" et le "nombre d’or" la proportion d’un modulor est liée directement au nombre d’or car si l’on divise la taille de la silhouette (1.83) par la hauteur moyenne du nombril (1.13) le résultat est égal à 1.619 soit le nombre d’or.

Astuce d’architecte : pourquoi les couloirs menant aux appartements sont-ils si peu éclairés ?

Les « rues »
Un couloir menant aux logements. A gauche, les boîtes prévues pour les services de livraison.

Étant considéré comme un "village vertical", le bâtiment a été conçu pour que les habitants aient également accès aux écoles, aux bureaux et aux commerces via de grands couloirs. C’est comme "traverser la prochaine rue" pour avoir accès à ses diverses activités.
Du fait que ces couloirs sont grands et équipés de lampadaires, l’architecte et les habitants de l’immeuble les surnomment "Des Rues", faisant référence au plan de new York.
Les couloirs menant aux appartements sont peu éclairés car le Corbusier a constaté que nous avions tendance à parler moins fort quand la lumière est forte. Cela permet aux habitants de ne pas être dérangés par les nombreuses allées et venues dans les couloirs.

Comment le bâtiment est-il en lien avec la nature ?

Vue du toit terrasse sur la mer

D’un point de vue géographique, nous pouvons constater que le bâtiment est aussi considéré comme "Une Ville Nature". Il est entouré d’un grand parc dans un quartier campagnard à l’époque de la construction.

Écologiquement parlant, il est également proche de la nature en raison du mode de vie de ses habitants qui possèdent un potager collectif, un compost qui profite à tous.

De plus, l’accès au toit nous révèle à la fois une vue vers les collines et sur la mer. La Cité radieuse fait référence aux paquebots de croisière où les habitants se sentent connectés à la nature terrestre et maritime, tout en préservant une mode de vie urbain et écologique.

Souvenirs de la visite

"Il y a une rue où il y a des commerces, par exemple : le restaurant "Le ventre de l’architecte", un hôtel, une bibliothèque, un musée)."

"Les résidents de l’immeuble ont la possibilité de faire leur anniversaire sur le toit terrasse."

"L’immeuble est composé de rues à l’intérieur : j’ai trouvé ça étonnant car ils peuvent tout faire sans sortir notamment leur courses et ils sont livrés directement dans leur appartement."

"L’immeuble est un mini village ; pendant le confinement les habitants avaient tout à portée de main."

"Il est possible de monter sur le toit-terrasse gratuitement entre 10h et 18h : il y a une très belle vue."

La Cité radieuse et le thème au programme de BTS, "Dans ma maison"

Maison et mode de vie.

Une idée commune est que nos maisons s’adaptent à nos modes de vie. L’immeuble du Corbusier a été pensé de façon à ce que les habitant aient une vie optimale. Le bâtiment répond donc à certaines attentes traditionnelles : avoir un logement, avoir accès à un espace extérieur...
Mais Le Corbusier ne s’est pas arrêté là : son objectif était que les habitants vivent encore mieux. Il a donc prévu des choses qui n’existaient pas encore ou très peu à l’époque comme par exemple l’accès à certains services collectifs directement disponibles dans l’immeuble (coiffeur, commerces, école, poste...). La mise en place d’un service de livraison (les gens pouvaient faire leurs courses dans l’immeuble et être livrés chez eux via une boîte communiquant avec la cuisine) était une véritable innovation, tout comme la présence d’une glacière permettant de conserver des aliments au frais.
Pour les premiers habitants, certaines fonctionnalités des appartements n’étaient pas évidentes et correspondaient à des besoins qu’ils n’avaient même pas encore. A l’époque par exemple, les cuisines étaient fermées, séparées du reste de l’appartement. Dans la cité radieuse, toutes les cuisines sont ouvertes et communiquent avec le salon afin que la personne qui préparent le repas puissent discuter avec celles qui mangent tout en passant les plats grâce à un meuble à double ouverture. De même, les appartements disposent de plusieurs points d’eau (baignoire, douche, lavabo) à une époque où nombre de logements n’avaient pas encore l’eau courante, développant ainsi l’habitude d’une hygiène plus fréquente et individuelle (par rapport à la fréquentation des bains collectifs).
On peut dire que l’architecte a influencé les modes de vie car beaucoup des choses étonnantes à l’époque nous semblent maintenant naturelles voire indispensables.

La maison comme marqueur social.

Les logements de la cité radieuse ne sont pas autant marqués socialement que les immeubles bourgeois du XIXe siècle comme on peut en rencontrer dans le roman Pot-Bouille d’Émile Zola où le 1er étage est réservé aux classes les plus favorisées tandis que les appartements diminuent en taille au fur et à mesure que l’on monte dans l’immeuble, les derniers étages ne disposant même plus de tapis dans l’escalier. Dans la cité radieuse, petits et grands logements sont mélangés, les studios côtoyant des appartements très spacieux.
Cela ne signifie pas que les habitants ne sont pas marqués socialement. Dès la construction, l’État a privilégié des locataires fonctionnaires, ciblant ainsi des classes moyennes dont on pouvait attendre un loyer régulier. Aujourd’hui, le bâtiment jouit de sa célébrité, les appartements sont occupés par des catégories sociales aisées.
En revanche, la Cité radieuse réunit dès 1952 des personnes ayant des modes de vie différents : le célibataire en studio côtoie des familles nombreuses. Surtout, quel que soit le type d’appartement occupé, les services collectifs sont les mêmes et favorisent les rencontres (accès au toit terrasse et à la piste de course ; hôtel gratuit pour les invités des résidents...)

La maison comme espace fermé ou espace ouvert.

Le travail architectural du Corbusier rend compte de son intention d’articuler espace privé et espace public. En effet, l’emplacement en retrait du boulevard Michelet isole la cité radieuse du monde extérieur. A l’intérieur de l’immeuble, la faible luminosité des couloirs est prévue pour limiter le bruit et assurer l’intimité des habitants. A l’échelle des logements, on observe que chaque appartement comporte une pièce d’entrée qui marque la séparation avec le monde extérieur.
Ce n’est pas un hasard si les appartements sont nommés des "cellules". Rien à voir avec une prison ! Comme les cellules du corps humain qui forment un ensemble autonome tout en étant reliées aux autres cellules, les appartements sont des espaces privés qui s’inscrivent dans une vie collective. Le toit terrasse est un espace de vie commun et partagé, tout comme le restaurant, le potager collectif... Pour autant, on peut en profiter de façon individuelle : il est possible de privatiser le toit terrasse pour fêter son anniversaire. Les résidents on très tôt organisé "une association des habitants" qui existe toujours et montre qu’ils se considèrent comme une communauté.