Tester les élèves pour les faire mémoriser

Tester les élèves pour les faire mémoriser

Application des recherches en neurosciences et psychologie cognitive aux apprentissages scolaires

D’après le MOOC “Psychologie pour les enseignants” dirigé par le DR Franck Ramus. Disponible sur la plateforme M@gistère de l’éducation nationale

Introduction :

La mémoire est au cœur des apprentissages scolaires. Non seulement l’élève doit mémoriser des connaissances mais aussi des savoirs-faire et des savoirs-être. Ces compétences et connaissances doivent être apprises et consolidées sur le long-terme (notamment pour des élèves de lycée en vue de l’obtention du baccalauréat).

Il est donc primordial pour un enseignant de savoir comment fonctionne la mémorisation mais aussi comment analyser et améliorer des pratiques pédagogiques pour permettre aux élèves de mémoriser le plus efficacement possible.

Cependant les enseignants ont encore trop tendance à s’appuyer sur leur expérience personnelle ou sur les retours des élèves pour évaluer et modifier leurs pratiques pédagogiques. Les pratiques jugées comme efficaces sont donc variées, sans véritable consensus (Figure 1). Cet article vise donc à établir quelques bases concernant les résultats de la recherche au sujet des méthodes permettant un apprentissage efficace des compétences et connaissances

Sondage effectué sur un panel d’enseignants inscrits au cours MOOC “La psychologie pour les enseignants” dispensé par le DR Franck Ramus

L’importance de l’effet de test et mémorisation distribuée dans le temps :

La mémorisation d’une information est supérieure lorsque l’effort est porté sur la récupération en mémoire de ce qui est à mémoriser plutôt que sur la relecture ou la reformulation de l’information (Figure 2). C’est ce qu’on appelle l’effet de test ou l’effet de récupération en mémoire.

Zaromb, F. M., & Roediger, H. L. (2010). The testing effect in free recall is associated with enhanced organizational processes. Memory & cognition
Figure 2 : Mesure de l’effet de test sur la mémorisation d’une liste de mot

Pour cette étude les sujets devaient mémoriser une liste de nouveaux mots. Les 3 groupes ont consacré le même temps aux révisions : la seule différence était la méthode de révision. 48 heures plus tard, les étudiants ont dû réciter la liste de mots, pour évaluer combien ils en avaient retenu (P(Recall)).

Les résultats montrent que les élèves qui ont le plus retenu de mots sont ceux qui se sont testé le plus de fois sur la liste.

Cet effet a été répliqué dans des centaines d’études en faisant varier, par exemple, l’âge des sujets, les matières testées, la distribution des révisions dans le temps ou le degré d’abstraction du contenu à mémoriser pour se rapprocher des conditions réelles de travail en classe.

Conclusion :

Les enseignants gagneraient à être informés sur les pratiques pédagogiques plébiscitées par la recherche scientifique en neurosciences et psychologie cognitive. En effet, le travail de mémorisation ne doit pas être relégué au temps hors classe mais faire partie intégrante des apprentissages en classe.
Parmi ces pratiques il est conseillé de :

  • Multiplier les occasions pour les élèves de faire l’effort de récupérer en mémoire les connaissances fondamentales à mémoriser. Donc de multiplier les tests.
  • Tester l’ensemble des élèves à chaque fois plutôt que d’interroger un seul élève au hasard (car dans ce cas, seul l’élève interrogé fait l’effort de récupération en mémoire).
  • Tester les élèves avant, pendant ou après le cours en fonction des besoins en essayant de donner du feedback dès que possible.
  • Faire des tests prévisibles, notés sur peu de points, qui ne soient pas source de stress afin de ne pas perturber le processus de mémorisation et de faire comprendre à l’élève l’intérêt de se tester sur le contenu des cours.
  • Ne pas uniquement tester sur les connaissances qui viennent d’être abordées mais aussi sur des connaissances plus anciennes, proches de l’oubli.

    Pour cela il existe des routines et outils variés à mettre en place en classe. De l’interrogation écrite sur papier au QCM pronote en passant par le test Plickers sous forme de QR code à scanner, très efficace pour tester tous les élèves rapidement avec un feedback instantané pour le prof et les élèves.

    Le réseau des Learning Labs rassemble des établissements qui cherchent à implanter ces méthodes et à développer des outils utiles notamment en matière de mémorisation à long terme. Ce réseau s’intéresse également à d’autres volets abordés par les études en neurosciences comme l’attention, la métacognition, la régulation des comportements perturbateurs etc.

    Voir : https://learninglabs.fr/

    Par Laura Sylvander et Laura Breton, enseignantes