« être ensemble » de Marie Camponi- atelier d’écriture camp des milles (2013-2014 ; 1ère S4)

« être ensemble » de Marie Camponi- atelier d'écriture camp des milles (...)

 Il faisait un froid horrible, on devait tous rester ici, dans le froid ou dans le chaud extrême selon les saisons. Je voyais des enfants accrocher à leurs mères, ils pleuraient : avaient-ils peur, faim ou soif ? Ils maigrissaient de jour en jour. Seul de mon côté, j’observais la scène, certains parlaient du passé, d’autres du futur, en espérant sortir, mais personne ne parlait du présent. Personne n’osait parler du présent. Personne ne savait, où ces wagons nous emportaient, si c’était pour toujours, ou juste pour quelques temps. On avait peur et en même temps un sentiment de joie apparaissait. Nous étions tous différents mais nous savions que dans le froid, on ressentait la même chose. Auparavant, je ne savais pas que l’on pouvait se suicider pour échapper à une mort lente et dans des conditions atroces.
Nous vivions dans des conditions horribles, les femmes et les enfants dormaient au dernier étage, là où se situait la fenêtre du suicide, imaginez-vous, le traumatisme pour ses enfants dont le plus jeune avait 1 an. Vous comprenez, l’atrocité, l’horreur, et la souffrance, de nous tous, perdus, assoiffés, affamés, maigres, sans aide et surtout sans avenir. Tandis que les hommes étaient au premier étage, ils étaient serrés on dormait par terre, on se rassemblait par petit groupe, on créait des liens avec des personnes qui nous ressemblaient ou qui avaient les mêmes intérêts, pour oublier, oui oublier, oublier cette souffrance, cet avenir, oublier ce que l’on allait devenir. Malgré, la peur, nous trouvions un peu de temps pour libérer notre esprit quelques minutes, quelques heures, pour rigoler, pour pouvoir reprendre une bouffé d’air , pour renaitre même si ce n’était que pour quelques secondes.