Millefeuille : Le choix d’une scène qui nous a touchés(2013)

Millefeuille : Le choix d'une scène qui nous a touchés(2013)

Millefeuille

Le choix d’une scène qui nous a touchés.

La scène qui m’a certainement le plus marquée dans ce film est celle où Zaïneb, une des deux héroïnes, tient tête à sa famille notamment à sa mère et son frère. En effet, dans cette scène le fiancé de Zaïneb compte sur l’appui de la mère et du frère de cette dernière pour la convaincre d’adopter le style de vie qu’il désire. Afin de ne pas entrer dans une situation conflictuelle, il passe ainsi par eux pour exiger d’elle qu’elle porte le voile et cesse de travailler comme serveuse au salon de thé. Mais cette jeune révolutionnaire, dont l’ambition est de devenir styliste, qui se bat pour la liberté de la femme s’oppose instantanément à cette requête. Elle ne veut en aucun cas se rabaisser à porter le voile, qui représente à ses yeux une profonde soumission. Devant ce refus catégorique, sa mère se montre alors très agressive et ne cherche absolument pas à la comprendre. Une dispute violente éclate au terme de laquelle la mère enferme sa fille dans sa chambre. Elle pense que cet isolement la fera fléchir et qu’elle acceptera les exigences de son futur époux.Dans ce passage le réalisateur nous montre la résistance, la combativité et la détermination de la jeune fille à travers de nombreux effets cinématographiques. Il fait plusieurs gros plans sur Zaïneb lors de la confrontation avec sa mère pour marquer l’état d’énervement dans lequel elle se trouve. Par ailleurs, pour traduire le profond sentiment d’étouffement qu’elle ressent alors qu’elle est cloîtrée dans sa chambre, il utilise un procédé de travelling latéral accentuant la petitesse de la pièce. Dans cet extrait nous avons affaire à une caméra objective puisque le spectateur n’est pas à la place du personnage mais au contraire il la voit se débattre et paniquer dans cette pièce. Il peut ainsi se faire sa propre opinion. De plus, la lumière est très claire laissant imaginer l’espoir encore présent chez la jeune fille. Ce sentiment est accentué par la luminosité et l’intensité de son regard.

Cette scène est clairement corrélée à une autre, celle où la tante de Zaïneb arrive chez eux. Dès son arrivée celle-ci cherche à la persuader de satisfaire la demande de sa mère et elle emploie pour cela les grands moyens. Durant plusieurs jours successifs sa tante ne cesse de lui faire essayer des voiles, lui disant que cela lui va bien et qu’une future styliste saura l’associer à ses vêtements, … Elle essaie de l’amadouer. Dans le même temps et dans le but de la rendre vulnérable, sa mère lui prépare tous les jours des tisanes dans lesquelles elle insère une drogue douce. Au fil du temps la jeune fille apparaît fragilisée sans aucune vivacité et dans un tel état de faiblesse que cette battante n’arrive plus à trouver la force de résister. Elle n’a même plus la volonté de retirer les voiles qu’elle ne supportait pas à peine quelques jours plus tôt. Elle est désormais étendue sur son lit. Personne ne se doute que son triste état est causé par les tisanes de sa mère. Il faudra plusieurs semaines avant que la tante de Zaïneb perce le mystère.L’image que le réalisateur nous montre de la jeune fille est alors totalement opposée à la joie de vivre qu’elle affichait au début. Dans cet épisode la chambre est éclairée d’une lumière sombre, dénotant la situation morale dans laquelle se trouve Zaïneb à ce moment là. Elle est complètement déstabilisée et cette jeune femme qui a réussi tout au long du film à afficher son refus d’obéissance finit par perdre de sa fougue. Ces yeux sont éteints, noirs et creusés, accentuant sa lassitude. Nous voyons donc que la lumière utilisée est un élément essentiel qui permet de faire passer le ressenti et la souffrance du personnage.

Le contraste entre ces deux scènes permet au spectateur de mesurer l’évolution de la dégradation mentale et physique de Zaïneb. Ce sentiment est volontairement mis en avant par le choix de l’éclairage ajouté à l’intensité de son regard. Le réalisateur utilise dans les deux cas des gros plans sur le visage de Zaïneb ainsi que des plans rapprochés pour nous sensibiliser.

Alarcon Alicia ; Audouin Camille ; Avila Yohan ; Duroure Mathis