« GRAND PAYS » de Faustine Noguès

« GRAND PAYS » de Faustine Noguès

« GRAND PAYS » de Faustine Noguès

Avant 2018, la loi prévoyait des sanctions pénales pour délit de solidarité. Aider un migrant sur le territoire français était, dans certaines circonstances, un délit. Cédric Herrou, agriculteur habitant la Vallée de la Roya, a dû se confronter à l’inhumanité de cette loi. Son crime ? Avoir aidé des centaines de migrants venus de différents pays d’Afrique en guerre, qui, à cause de la fermeture des frontières de France pourtant terre d’asile, transitaient par les montagnes des Alpes au dessus de son village. Reconnu coupable du délit de solidarité, il s’est battu pour faire abroger cette loi contraire au principe de fraternité inscrit sur les frontons de tous les bâtiments publics français. Son combat a permis une modification du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. C’est de cette histoire et de tant d’autres que s’est inspiré Faustine Noguès pour l’écriture de Grand Pays.

Le spectateur découvre trois histoires qui se rejoignent, trois personnages confrontés à la violence des institutions françaises face à la souffrance d’êtres humains en exil, en quête d’une vie meilleure loin de la guerre. Jugés pour délit de solidarité, ils choisissent de résister face à l’injustice et de lutter pour le respect de la dignité humaine, quitte à se confronter à la violence de la société.

Le spectacle est riche, rythmé, à la fois drôle et profond. Le quatuor de comédiens excelle dans l’art de la métamorphose pour donner vie à une dizaine de personnages, de l’avocate passionnée au facho un peu paumé, de la jeune institutrice dépassée par la violence des institutions à la jeune militante déterminée. Entre satire de la justice, dénonciation de l’immobilisme des organismes censés venir en aide aux migrants, critique acerbe de notre monde ultramoderne qui ne vit plus que derrière des écrans, ce spectacle est à la fois un moment de plaisir théâtral mais aussi un authentique moment de réflexion sur les valeurs humanistes qui sont au fondement du lien social et qui permettent de conserver la dignité de tous, de celui qui agit pour venir en aide à ceux qui subissent l’histoire et à celui qui, face à la main tendue, retrouve l’espoir d’un avenir meilleur.