Ecriture d’une nouvelle à la façon de Marguerite Yourcenar-avril 2008

Ecriture d'une nouvelle à la façon de Marguerite Yourcenar-avril (...)

Comment Francis fut sauvé

Le vieux photographe Francis et son domestique Oscar erraient sur les routes de la Loire.
Ils avançaient d’un pas calme et mesuré car Francis s’arrêtait pour photographier de nombreux paysages, selon la luminosité que provoquait l’astre solaire. Ils étaient encombrés par le matériel dont l’artiste avait besoin pour travailler : le support de l’appareil, les pellicules et plusieurs appareils pour différents angles. C’étaient les seules choses qu’ils transportaient lors de leur périples. Ils avaient peu d’argent et ne vivaient que de l’art de Francis. S’écroulant sous le poids des sacs remplis du matériel, son domestique Oscar, souffrait allègrement de sa douleur dorsale comme si le monde reposait sur ses épaules, car ses bagages, à ses yeux, représentaient le ciel rempli d’étoiles célestes, d’oiseaux chantant à tue tête et de toutes photographies des différents châteaux.
Oscar n’était pas né afin de parcourir les routes en compagnie de son vieux maître qui se consacrait toute la journée à sa passion. Son père était banquier ; sa mère était l’aînée d’une famille bourgeoise qui lui avait légué une grosse partie de leur fortune. Oscar ne manquait de rien pour assouvir à ses besoins. Cela l’avait rendu très introverti : il appréhendait la guerre, la crise économique et la mort. Quand il devint majeur, ses parents le marièrent avec sa cousine car ils pensaient à la stabilité qu’il pouvait acquérir en l’épousant. Les cheveux de sa femme étaient noirs comme l’ébène, elle était mature telle l’éclosion d’une fleur, belle comme une hirondelle et pimentée comme leur future vie. Peu de temps après la célébration de leur union, les parents d’Oscar ne donnèrent plus signe de vie jusqu’à leur mort, les époux habitèrent alors leur maison. Oscar l’aime comme une fleur qui ne se fanerait jamais, une alliance qui les lieraient pour toujours.
Au coucher du soleil, dans la rue, il percuta Francis. En levant les yeux, il vit que le photographe était en train de prendre cette merveilleuse luminosité que le soleil procurait à la ville. Grâce à lui, Oscar eut un regard nouveau sur le paysage de cette ville qu’il connaissait depuis son enfance. Francis lui présenta quelques photographies de sauvetages prises lors d’une guerre, ce qui procura à Oscar une nouvelle admiration, lui qui avait si peut de la guerre.
Après de nombreuses discussions, voyant que Francis était dépourvu d’argent, il lui offrit l’hospitalité. Une fois qu’il eut visité la demeure d’Oscar, rencontré son épouse, pris quelques clichés dont un avec le propriétaire, Oscar après deux ou trois jours, se rendit compte qu’il préférait les photos que Francis faisait d’elle ; les jours qui suivirent, la jeune femme se renferma et tomba en dépression. Un matin, on la retrouva inerte, portant dans sa main un verre de ciguë. Aucune larme ne glissa le long des joues de son mari.
Francis et Oscar partirent sur les routes du bord de Loire, marchèrent des heures et des heures jusqu’à atteindre le château de Chambord où ils cherchèrent un gîte pour passé la nuit. Au petit matin, les autorités tambourinèrent à la porte de l’auberge demandant le photographe dénommé Francis, celui-ci fut arrêté. Soutenu par son domestique, ils furent conduit à la capitale voir le Président de la république Paul Doumer. Le gouvernement fut réunis pour débattre du sort du photographe, plusieurs minutes après leurs arrivées, le gouverneur apparut enfin au centre de la table tandis que ses représentants l’entourèrent.
 Monsieur, le chef de l’Etat, je vous prierais avec tout le respect que je vous doit, de me faire part de la cause de mon arrestation si subite.
 Comment osez-vous me demander cela ? dit-il d’un ton sec et froid. Et il reprit :
 Puisque les causes de cette arrestation ne sont pas évidentes pour vous je vais vous éclairer, vieux Francis. Mon père vous portait bien haut dans son estime, vos photographies il y en avaient pleins dans toute la maison, j’ai eu l’habitude de toutes les contempler. Mais mon admiration allait plutôt aux photos de guerre : j’y voyais des Hommes se battant pour leur pays, des sauvetages presque héroïques et je croyais, avec mon âme d’enfant, que tout cela avait un sens. Je voyais la guerre comme un idéal pour sauvegarder la paix du monde.
A partir de là, je n’attendais plus qu’une chose me battre pour mon pays, et cela arrivât je fus mobilisé à mes vingt ans ; mais ce que j’ai vu et vécu, tu ne me l’avais pas montré sur tes photographies vieux Francis ! La mort, le froid, les rats et personne n’est jamais venus nous soigner lorsque nous étions blessés. Pour cette déception immense que j’ai eu et le mal que tu m’as fait, tu finiras tes jours derrière des barreaux et cette sentence est irrévocable. M’avez-vous bien compris, vieux Francis ?
Tout à coup, Oscar se leva en brandissant une arme et se dirigea vers le Président. Aussitôt, trois gardes de celui-ci l’attrapèrent et l’immobilisèrent sur le sol. Le domestique essaye tout de même de se relever et de défendre son maître mais en vain. En le voyant, le Président eut un rire sournois, et le fit tuer. En apercevant son ami décédé à ses pieds, Francis sortit le cliché qu’il eut fait de lui et d’Oscar, le jour de leur rencontre des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Le vieux photographe fut enfermé dans une cellule froide, humide et très exiguë avec pour seule compagnie ses photographies ; un soir alors qu’il contemplait un cliché de lui et Oscar, Francis sentit derrière lui une douce chaleur, en se retournant il vit un halo de lumière subtile et terriblement agréable. Tandis qu’il se dirigeait vers elle, celle-ci se fit plus intense et aveuglante Francis fut obligé de fermer les yeux. Puis il commença à entendre de l’eau couler, des oiseaux chanter et le bruit du vent dans les arbres. Alors qu’il essayait d’ouvrir ses paupières et lui sembla apercevoir une silhouette étendue dans l’herbe, au fur et à mesure qu’il se rapprochait Francis distinguait mieux cette personne : c’était un jeune homme, un brin d’avoine à la bouche. Arrivé à quelques mètres le vieux photographe fut pris d’une émotion intenable en reconnaissant Oscar !
 Je te croyais mort.
 Vous vivant, dit respectueusement Oscar, comment aurais-je pu mourir ?
Et il aida le maître à monter sur une péniche qui se tenait là ; une fois à bord Francis regarda vers l’endroit qui lui avait permis d’entrer, cela ressemblait à une masse sombre qui diminuait au fur et à mesure que la péniche s’éloignait.
Le lendemain, lorsque les gardiens vinrent donner son repas au photographe, ils ne trouvèrent dans la cellule qu’une photographie coincée sous le mur où se tenait une petite fenêtre à barreaux, en observant ils virent un bord de Loire avec une péniche et deux silhouette à son bord dont on ne distinguait plus les visages du fait que la péniche semblait lointaine.
Ainsi, Oscar et Francis disparurent à jamais sur les bords d’une photographie du maître...

Réecrit par :
Cathalau Lise ; Dimech Amélie ; Gelus Agnès