Alwakina

Mylène Demuyter

Julien Tournissa

Fabien Tonnere

Paloma Didelot

Alwakina

Alwakina est une île qui se trouve au cœur de ce que nous appelons aujourd’hui le triangle des Bermudes. Les tempêtes mortelles, au lieu de la ravager, la protègent contre tout envahisseur qui gâcherait sa pureté et celle de ses habitants.

Les vagues les plus féroces se brisent sur les rochers qui forment le récif auréolant cette île. Lointaines, elles ne parviennent jamais à couvrir le chuchotement calme des flots caressant le sable blanc des plages qui bordent Alwakina.

Très vite sur son rivage, le sable laisse place à la dense végétation ; les feuilles charnues des arbres adoucissent l’agréable chaleur du soleil, et les parfums des innombrables fleurs se mélangent si bien que l’on ne perçoit plus qu’une seule senteur : celle de la nature.

Les arbres fruitiers sont multiples et d’une variété telle que la majeure partie de leurs fruits nous est encore inconnue et le restera probablement à jamais. Cette abondance s’applique aussi pour la faune, qui, ornée de parures passant des plumes chatoyantes aux pelages les plus phénoménaux, se plaît a vivre sur cette île au climat tempéré et aux foisonnants mets offerts par la nature.

Sous le sol fertile de cette terre se cache un trésor valant bien plus encore : des pierres précieuses de toutes sortes aux mille éclats, pierres dont les fragments sont plus purs que tous ceux que l’on a pu trouver jusqu’à aujourd’hui. Les habitants ne considèrent guère ces joyaux pour leur valeur mais plutôt pour leur beauté. Ainsi une fois extraites, ces gemmes ne servent plus qu’a embellir leurs objets du quotidien.

Les alwakiens sont installés dans le centre de l’île, sur le sol d’une prairie doucement balayée par les zéphyrs. Ils sont peu nombreux et n’éprouvent pas ce besoin de conquête absurde que nous autres ressentons.

Ainsi se contentent-ils de cette partie centrale pour bâtir leurs habitations. La quasi totalité des bâtiments sont de forme triangulaire : un savant mélange des pyramides égyptiennes et des tipis indiens. Bâties en pierre, bois et terre cuite, les maisons se parent de teintes orangées quand le soleil se couche a l’horizon, et les derniers rayons de soleil, tendres et fatigués, font luire les coquillages nacrés incrustés sur les murs des différentes bâtisses.

A chaque solstice, occasion d’une grande fête, chaque famille déménage aléatoirement dans un autre logis, sans aucune préférence puisque chaque habitation a été construite pour un confort maximal.

Les alwakiens portent comme vêtement des voiles d’un tissu blanc et léger dont la coupe diffère selon les saisons. Sur ces voilages sont parfois cousues des pierres précieuses, ceci dans un but purement esthétique et non pas pour marquer une hiérarchie sociale.

L’élément le plus marquant mais aussi le plus utile dans cette douce cité est sa Mécanique - ainsi nommée par les habitants.

Composée de différentes machineries, elle est ancrée au cœur de leur quotidien et elle est si présente qu’elle ne fait plus qu’un avec l’architecture et la nature de l’île.

Sous le sol de dalles s’étend sa majeure partie, dans laquelle différentes énergies infiniment renouvelables – la pression, le vent, la force hydraulique.... - sont transférées vers les habitations de chacun, par le biais complexe de rouages et de poulies.

Ainsi la Mécanique actionne la plus part des outils ou autres appareillages, évitant aux citoyens le dur labeur du travail de la terre et autres complications manuelles dont nous sommes communément obligés de nous charger par nous-même.

Les Alwakiens ont donc pour seule tâche de veiller sur la Mécanique, la réparant et l’optimisant selon les besoins. Chaque habitant a été formé par ses parents à l’étude de la Mécanique et à son entretien, et cela de manière égale pour les filles comme pour les garçons ; cette éducation ludique, tout autant pratique que théorique est donc appréciée par tous.

À la fin de leur formation, les jeunes apprentis seront capables de ciseler le rouage, de l’incruster de pierres précieuses, de connaître la place propre à telle ou telle pièce de cette étrange mécanique.

Cet art leur a permis de mettre en œuvre des prouesses de technologie, allant de la grande horloge qui trône sur la place centrale au mécanisme du labours des champs.

Les cultures ainsi récoltées sont partagées au sein de la famille à laquelle est rattachée le champ ; les restes sont rassemblés le lendemain et redistribués selon les besoins de chacun. Ainsi jamais la faim ne se fait sentir et l’égalité règne.

Afin de privilégier cette égalité, aucune monnaie n’est en place dans leur système social. Charitables et élevés dans le respect et l’amour d’autrui, les citoyens de l’île préfèrent donner sans rien demander en échange ; dans de rares cas et sur un accord commun, ils pratiquent le troc.

Étant des êtres vertueux, ils n’ont nul besoin de loi ou de punition puisqu’on leur enseigne dès leur naissance les règles de vie selon les Alwakiens – règles qui en somme se limitent au respect de soi et d’autrui.

Ils ne pratiquent et n’ont la connaissance d’aucune religion, évitant ainsi les embarras de telle ou telle croyance sans même sans rendre compte.

Quand à la politique, elle peut nous paraître abstraite car très différente de ce que l’on peut connaître dans notre société.

En effet, les idées et les choix relatifs à la cité sont collectés tous les trois jours, les Alwakiens les ayant au préalable inscrits sur un morceau de papier ou de tissu.

Ces doléances ou suggestions sont collectées dans une urne à l’intérieur de laquelle elles seront mélangées. Trois d’entre elles seront tirées au sort, puis disposées à chaque angle d’un triangle sur piédestal au centre de la place principale.

Dans ce triangle s’emboîte un totem de bois rouge d’automne. Il tourbillonnera sur lui-même au cœur du triangle et en s’arrêtant, désignera l’idée qui sera la première a être exécutée.

Ainsi la chance et le hasard décident des réformes et projets à mettre en place, évitant de reporter le pouvoir ou la responsabilité sur l’un des alwakiens.

Par ailleurs, certains projets n’ont pas besoin d’être proposés et sont immédiatement pris en charge. Par exemple une quelconque dégradation de la chaussée ou un outil brisé seront réparés par le premier alwakien découvrant le problème. Et chacun participe au labeur comme il peut, prenant en charge sa part pour le bien de la communauté.

Leur médecine enfin est très primaire, mais cela est dû au fait que les maladies sont quasi-inexistantes sur Alwakina.

En effet, le climat est si doux qu’il est difficile d’être affaibli par ce dernier. Avec une alimentation saine et riche par sa diversité comme par sa qualité, les Alwakiens sont par ailleurs naturellement robustes et résistants à toutes formes de maladies, même les plus bénignes.

Un seul cas de maladie fut déclaré, et bien que ce fut une affection peu dangereuse - nous pourrions l’apparenter à la bronchite - elle terrifia pendant un temps les Alwakiens.

En étudiant ce mal, ils réussirent à trouver son remède et purent acquérir les connaissances suffisantes pour s’en protéger et en guérir si un cas se présentait de nouveau. Plus jamais une telle tragédie n’advint, et son apparition comme sa cause demeurent encore un mystère.

Tout le savoir des Alwakiens se transmet de génération en génération, principalement oralement, aussi bien sous forme de conte, de pièce de théâtre que par l’enseignement classique parental. Certaines connaissances sont cependant inscrites dans des livres, regroupés en une immense bibliothèque souterraine.

Ainsi perdure Alwakina, dans une paix cristalline, protégée du monde extérieur.