La Convention Citoyenne pour le Climat, vers une démocratie participative

La Convention Citoyenne pour le Climat, vers une démocratie participative

La Convention Citoyenne pour le Climat, ou CCC, est une assemblée de citoyens français. Constituée en 2019 par le CESE, le Conseil économique, social et environnemental, sur demande du Premier ministre Édouard Philippe. Cette convention regroupe 150 citoyens tirés au sort dans toute la France, métropolitaine et d’outre-mer. Le but est de mettre en place des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans un esprit de justice sociale en prenant en compte l’avis des citoyens. Benoît Baubry, citoyen marseillais, nous parle de son expérience en tant que membre de la CCC.

La CCC, une expérience nouvelle

’’Je n’en avais jamais entendu parler’’, déclare Benoît Baubry. Citoyen lambda et en recherche d’emploi, ce dernier saisit sa chance lorsqu’il reçoit un SMS lui demandant ’’êtes-vous intéressé par le réchauffement climatique ?’’. Il est ainsi choisi par tirage au sort pour représenter les citoyens français lors de cette convention avec 149 autres personnes de toute la France et de l’Outre-mer, dont 10 mineurs.

Une mission de la plus haute importance

Une fois arrivés à Paris, Benoît Baubry et ses nouveaux ’’collègues de travail’’ sont reçus par Édouard Philippe à Matignon. Il leur demande alors comment réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030, tout en gardant une justice sociale. ’’Je pense que c’est possible, mais pas de 40%’’, dit Benoît Baubry. La taxe carbone, par exemple, est bénéfique pour l’environnement mais pas pour des citoyens lambda. Leur mission est donc de trouver des mesures respectant l’environnement et la justice sociale.

De l’organisation et de la rigueur

Ces 150 citoyens étaient répartis en 5 groupes de travail : ’’se nourrir’’, ’’se déplacer’’, ’’se loger’’, ’’consommer’’ et ’’produire et travailler’’. Un organisme s’occupait d’eux. ’’Il nous drivait pour ne pas qu’on s’éparpille dans nos idées’’, nous dit Benoît Baubry. Ce dernier a été tiré au sort pour faire partie du groupe ’’Consommer’’ et, avec ses collègues, les questions qu’ils se posaient étaient ’’Comment ne pas trop consommer ?’’ ou ’’De quelles manières pourrions nous y arriver ?’’. ’’Je pense que nos habitudes de consommation dépendent beaucoup des messages publicitaires’’, rapporte Benoît Baubry. L’une de ses propositions portait d’ailleurs sur le contenu publicitaire, qui a un fort impact sur nos habitudes et nos choix de consommation. Une autre de ses propositions était la réforme du CESE. Cette organisation, constituée de 160 membres, regroupe surtout des représentants d’associations ou des syndicats. Selon lui, il faudrait y inclure des citoyens lambda pour instaurer une transparence et qu’il prenne plus d’importance, tout en ayant un pouvoir sur les lois instaurées. En tout, il y a eu 150 propositions comme, par exemple, instaurer la limitation de vitesse à 110km/h au lieu de 130km/h sur l’autoroute ou encore des semaines de 28h de travail, qui a tout de suite été rejetée, ramenant le nombre de propositions à 149. En tout, 146 propositions ont été retenues par Emmanuel Macron. Mais globalement, leur impact a été affaibli. Celles ayant été refusées sont la taxe de 4% sur les dividendes (pour ne pas risquer de freiner les investissements), la réduction de vitesse sur l’autoroute de 110km/h dont le débat est reporté et la réécriture du préambule de la Constitution (car la protection de l’environnement ne peut se placer au-dessus des libertés publiques). Cependant, certaines mesures importantes comme pénaliser le crime d’écocide ou rendre la rénovation énergétique obligatoire d’ici 2040 ont été retenues.

L’avis de Benoît Baubry sur la CCC

’’C’était une expérience énorme ! Dit-il. Les sessions duraient de 8h à 20h et nous étions tous logés au même hôtel. Même là nous continuions à discuter de la CCC ! La majorité était motivée et tout s’est plutôt bien passé dans l’ensemble. Mais il y avait tout de même quelques inconvénients. Parmi les 150 membres de départ, certains, des climatosceptiques pour la plupart, ne sont pas restés et ont été remplacés. D’autres personnes opportunistes ont aussi profité de la présence de parlementaires pour intégrer le milieu politique. De plus, les mesures proposées n’ont pas toutes été adoptées et certains médias d’informations ont eu une influence négative sur nos propositions. Nous restons tout de même déçus sur ce qui est finalement resté dans la ’’Loi Climat’’.
Néanmoins, cette Convention m’a fait retrouver une valeur citoyenne, une valeur humaine. Je tiens à faire prendre conscience aux gens de l’importance de lutter contre le réchauffement climatique, c’est important et on peut tous y faire face à son échelle. Avec la majorité des membres de la CCC, nous avons créé une association. Le président change au fur et à mesure et aujourd’hui, elle milite pour l’environnement.’’