Histoire du Club Unesco du Lycée Antonin Artaud

Histoire du Club Unesco du Lycée Antonin Artaud

A) CRÉATION DU CLUB

Le plus vieux club de la région semble-t-il.....

Il a été fondé en effet en 1985 par un professeur de sciences physiques et trois de ses élèves de terminale.

Un sondage auprès des élèves de la section SMS orienta le Club vers des projets de solidarité sous conditions d’actions concrètes.

Une séance d’information fut organisée au réfectoire avec projection de diapositives entre autres sur ATD Quart Monde, sur la FFCU (présentation de Colette Bacconier).

Le thème choisi fut « Solidarité, ici et ailleurs » avec l’idée d’une double action sur place, à Marseille et à l’étranger, pour faire le parallèle entre Quart-Monde et Tiers-Monde.

Paradoxalement les actions Quart-Monde s’essoufflèrent vite, sans doute demandant plus d’investissement extérieur au Lycée.

Par contre l’action Tiers-Monde continue toujours avec la même correspondante depuis 1985, Marie-Bernard Bargeolle, missionnaire en Côte d’Ivoire.

Une telle fidélité et une telle amitié dont l’ histoire mérite d’être contée......

L’information que nous cherchions un correspondant sérieux pour notre projet Tiers-Monde, étant passée dans le Lycée, une mère d’élève de SMS, institutrice, nous apporta une lettre de Côte d’Ivoire, écrite par une de ses anciennes mères d’élèves.

La lettre était un véritable appel au secours :des enfants mouraient de malnutrition, de maladie, faute de soins et de moyens.

Sandrine Pons, l’auteur de la lettre, travaillait avec Marie-Bernard, qui essayait de sauver, soigner, nourrir et scolariser ces enfants. Une lettre si désespérée décrivant la misère et la mort de ces enfants, tant de souffrances, que nous décidâmes d’y répondre.

Et c’est ainsi que commença notre travail avec Marie-Bernard......

.. Au départ, malgré l’accord du Proviseur, l’aide des CPE et du Foyer, il y eut quelques réticences du fait qu’elle était religieuse catholique.

Mais nous ne faisions qu’aider Marie-Bernard dans son travail social qui s’adressait aussi bien aux Catholiques, qu’aux Protestants, Musulmans et Animistes, cinq jours de chaque semaine.

Il concernait les femmes et les enfants des villages environnant sa mission.

Des cours de puériculture, d’ hygiène, de secourisme, de nutrition, de diététique (utilisation des produits du pays), de jardinage, de cuisine, de couture, d’alphabétisation étaient donnés sous l’arbre à palabre, loin de toute église, mosquée ou temple, avec l’accord du chef du village et du conseil des anciens.

Sur la photo ci-dessous, le chef du village offre un poulet à Marie-Bernard, en signe d’acceptation.

La personnalité et les visites régulières de Marie-Bernard lors de ses congrès trisannuels calmèrent les inquiétudes soulevées au nom de la laïcité.

Elle nous est arrivée en tailleur de tissu africain et sandales, avec un grand cœur ouvert à tous, des yeux pétillants, une joie de vivre et une simplicité qui ont fait merveille (photo ci-contre : une élève musulmane donne un chèque à Marie-Bernard).

Lors de sa première visite, comme elle se reposait à l’infirmerie, un élève se présenta :

« Il n’était pas bien car il n’avait pas voulu manger lors du déjeuner à la cantine, c’était trop mauvais »....

L’exclamation de Marie-Bernard, c’était tout simplement la confrontation soudaine entre deux mondes : le sien, où l’on mange ce que l’on peut pour vivre, le nôtre, où beaucoup ont oublié le sens du mot "nourriture".

A voir cette petite femme, personne ne pourrait penser que c’est une véritable aventurière.

Sa vie mérite d’être contée....

B) MARIE- BERNARD, UNE AVENTURIÈRE EN AFRIQUE

Elle est née en Bretagne le 10/02/1934 deuxième des onze enfants d’une famille de paysans.

Ses Parents lui enseignèrent la cuisine, la couture et le jardinage (ce qui lui fut bien utile par la suite. ..)

La visite de religieuses missionnaires dans son école fit naitre sa vocation dès l’âge de 8 ans.

Mais lorsqu’elle eut 16 ans, son Père s’opposa à ce qu’elle devienne religieuse (c’était pourtant, à l’époque, le seul moyen d’être bénévole en Afrique).

Le jour de ses 20 ans, elle quitta donc la maison familiale pour suivre une formation chez les sœurs de N.D des Apôtres : son Père refusa de la voir pendant 7 ans.

Elle part en 1960 au Niger, y travaille à la frontière du Burkina-Fasso et du Mali à Dolbel.

En 1968, ce sont ses premiers congés.

Retour au Niger où une terrible famine sévit de 1970 à 1975 . Elle y voit des enfants récupérer les os de poulet, jetés dans les poubelles, pour les broyer entre deux pierres et s’en nourrir.

En 1972, épuisée par la malnutrition, les conditions de vie primitives, les conditions climatiques et son travail, elle tombe gravement malade.

Elle est simultanément atteinte par le choléra et par un accès pernicieux (forte crise de paludisme, en principe mortelle).Elle en réchappe et "rentre" en 1974 par le désert du Sahara, en partant de Niamé (Niger) dans un convoi ...... de deux voitures !

Une diphtérie se déclare !

On la soigne à temps, à Tamanrasset, où on la sauve in extremis.

Elle se recueille sur la tombe du Père de Foucauld, passe de l’Algérie au Maroc, où elle s’embarque pour l’Espagne et arrive enfin en France.

De 1976 à 1978 elle retourne en Afrique, au Burkina-Fasso. La famine à nouveau fait des ravages.

Son état de santé étant fragilisé, on l’envoie en Côte d’Ivoire .

C) LE TRAVAIL DE MARIE- BERNARD EN COTE D’IVOIRE
AVEC LE CLUB DU LYCÉE ARTAUD

 d’abord à 100 km de Kouassi-Datékro à l’est du pays, de 1978 à 1982
 à Bouaké de 1982 à 1989 où elle crée l’association AIMER (Association intéressant femmes et enfants en milieu rural)
 à Ferkessédougou (de1989 à 1993) dans le nord
 puis à Kouassi-Datékro, dans l’ouest, où elle se trouve toujours malgré la guerre et où elle continue inlassablement son travail social tout en s’occupant des réfugiés chassés de leurs foyers par la guerre.

Au cours de ses pérégrinations, elle recueille et place des enfants abandonnés et organise un système de parrainage.

Ainsi, Elisabeth et Hélène, condamnées à mourir, parce que jumelles, ont été sauvées, soignées, nourries et scolarisées grâce à leurs parrains et marraines du Lycée Antonin Artaud.

Grâce à son travail, au travail des villageois, aux efforts du club, du FSE du lycée et aux subventions du Ministère de la Coopération et du Développement (partenariat Nors-Sud), l’école de Poulo (au nord de Ferkesédougou) est réparée et agrandie :

 toit arraché par une tornade refait
 construction de salles de classe et du bureau des maitres
 construction de deux logements d’instituteurs pour la nomination de deux autres instituteurs
 création d’une cantine et de deux postes de cantinières
 équipement en meubles et matériels scolaires
 pompes (problème des mares d’eau croupie que bêtes et gens se partagent)
 caisse pharmacie et visite hebdomadaire d’infirmiers.

Mais qu’en est il devenu de tout cela avec la guerre ?

Maintenant à Kouassi Datekro,dans l’ouest du pays Marie-Bernard continue à œuvrer.

Riche de notre expérience de Poulo, les subventions nous ont permis de créer :

 un jardin d’enfant
 une coopérative où les villageois trouvent les matériels scolaires et les produits de première nécessité à un prix intéressant, gérée par le directeur de l’école primaire et un groupe de femmes.

Marie-Bernard travaille aussi sur le Centre de la Femme pour limiter l’exil rural des jeunes filles vers les grandes villes, où elles sont exploitées et d’où elles reviennent très souvent avec le sida, leur bébé parfois atteint de la même maladie.

Elle leur donne une formation leur permettant de faire reconnaitre leurs droits à un salaire décent en ville.

Marie-Bernard cherche à développer Djoro-Djoro, village à 40. km de Kouassi-Datékro, centre d’une quinzaine de villages et de campements, afin que les gens puissent vivre et travailler sur place.

Un élevage de poulets se met en place.

Des stages d’aides-soignantes sages femmes sont organisés à l’hôpital de Kouassi-Datékro. Ainsi chaque village a son aide soignante munie d’un vélo et d’une caisse-pharmacie.

Une voiture, achetée d’occasion, avec la participation du Club Unesco Artaud, lui permet de faire des tournées dans les villages et campements les plus éloignés.

Ainsi en 2000,elle trouve un village atteint par le choléra. Elle revient vers la ville, avec les enfants les plus atteints.

Mais la route est coupée par un incendie. Obligée de faire demi-tour dans les pistes défoncées et ravinées, elle risque de se faire encercler par les flammes, arrive enfin à passer, roule une centaine de kilomètres avant d’hospitaliser les enfants et de donner l’alarme.

Une équipe sanitaire arrive à temps au village pour sauver ses habitants. Un des enfants hospitalisés meurt.

En 2002, un grand incendie brûle toutes les récoltes et une partie des villages. Les blessés, trop gravement atteints, meurent dans d’horribles souffrances, faute de médicaments.

Marie-Bernard se bat pour les soulager chaque jour. Nous envoyons ce que nous pouvons.

Voilà la vie de notre correspondante et amie.

Pendant toutes ces années nous nous sommes efforcés de l’aider, nous avons utilisé les PAE et les partenariats Nord-Sud, vendu des gâteaux, tenu des boutiques pour la Noël et la Fête des Mères, déposé un dossier à la région et au département, fait des démarches auprès de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire ( consulter le projet Djoro Djoro 2008)

Mais la guerre a brisé l’élan si prometteur de nos projets de barrage, de cultures, du Centre de la Petite Enfance (projet imaginé par Bleuette Belotte avec l’aide des retraités Enseignants sans frontières).
Marie Bernard est restée fidèle à son poste afin de ne pas abandonner villageois et réfugiés qu’il faut nourrir, soigner, loger, scolarise,ceci jusqu’à l’épuisement de ses forces.
Son départ à la retraite, à 78 ans, est fêté chaleureusement à Djoro Djoro avec tous les villageois des environs y compris les musulmans, et célébré solennellement à Kouassi Datékro ,avec une foule d’amis et des personnalités d’Abidjan de Bouaké , de Ferké...

D) LES AUTRES ACTIONS DU CLUB

Au cours de toutes ces années, nous avons aussi travaillé épisodiquement avec le Secours Populaire, une école sénégalaise, Amnistie International .

Nous avons eu des contacts en Inde, au Cameroun, au Maroc, la Grande Comores.

Grâce aux élèves de STT et à leurs professeurs, les CPE du lycée ont organisé un cross, auquel ont participé les élèves de seconde et première pour soutenir l’association E.L.A. (un record, à l’époque, pour la somme collectée).

Le club organisa pendant plusieurs années la participation du Lycée à la course annuelle ALGERNON, les fêtes de fin d’année du lycée.
En 2001 , match de basket- ball en fauteuil roulant organisé par la TSTT4.
En 2003, les clubs Unesco de la région PACA sont reçus par le lycée Artaud.

Le club participe aux bourses pour étudiants Mapuche du Chili , et, en 2005, au projet humanitaire en Indonésie pour le village Paya Kenekai de l’île de Weh dans la région de Banda Aceh à la suite du Tsunami.

2010-2011 : Réception des associations Amnistie Internationale , les Petits frères des Pauvres, Resto du Coeur, le SAMU social et ATD Quart Monde. ( Consulter ’ le compte- rendu d’activités 2010-2011’ , ’ collecte de denrées pour les Restos du Coeur’ et ’ Conscience citoyenne et solidarité’ )

Et ainsi , de concours littéraires en ateliers d’élèves, de ventes de Noël en ventes de printemps, accompagnés de braderies de livres , le temps est arrivé de recevoir, en 2014 , nos correspondants de Côte d’ Ivoire qui ont pris le relais de Marie - Bernard.
Quant à 2015-2016, consulter le rapport d’activités.