Qui était Camille REYMOND ?

Qui était Camille REYMOND ?

Camille REYMOND
(08 septembre 1884 – 08 février 1967)

Parmi les maires, qui ont administré la commune de Château-Arnoux, Camille Reymond, après Victorin Maurel dont il fut l’ami, le confident et le conseiller, a marqué de son empreinte l’évolution de la ville qui lui avait confié ses destinées.

Camille Reymond est né à Entrepierres, le 08 septembre 1884, au hasard d’un déménagement. En effet, son père, instituteur à Astoin rejoignait avec son épouse, son nouveau poste à Beaudument, où il venait d’être nommé et où il devrait prendre ses fonctions le 1er octobre 1884. Le déplacement s’effectuait à dos de mulet et l’équipage dut s’arrêter à Entrepierres, chez des parents qui habitaient le hameau du Bayle, pour laisser au petit Camille le temps de naître.

Plus tard, son père devenu aveugle dut prendre une retraite anticipée et se retira à Volonne.

Le jeune Camille, après des études au Collège de Riez et à l’Ecole Normale d’Avignon, devenait instituteur.
Déjà épris de justice sociale et d’indépendance, il se faisait remarquer par la passion avec laquelle il défendait ses idées. Il fut notamment, tout jeune instituteur, à l’origine de la création, dans les Basses Alpes, de l’Amicale des instituteurs et institutrices, qui regroupait des enseignants, lesquels n’avaient pas à cette époque, le droit de se syndiquer.
Et dans les postes qu’il occupa successivement dans les Basses-Alpes : Ainac (01.08.03 – 30.09.03), Ragusse (01.10.03 – 30.11.03), Oraison (01.12.03 – 31.10.05), Salignac (01.11.05 – 30.09.06), Thoard (01.10.06 – 30.04.12), Oraison (01.05.12 – 30.09.13), Seyne-les-Alpes (01.10.13 – 31.10.21) et Forcalquier (01.11.21 – 30.04.22), il eut parfois maille à partir avec ceux qui ne partageaient pas ses idées.

C’est ainsi qu’en 1909, il dut se défendre devant le préfet, des accusations d’antimilitarisme qui avaient été portées contre lui et qui lui avaient valu de ne pas être nommé instituteur à Digne, poste pour lequel il avait été proposé. Cela ne l’empêchait pas d’être estimé de ses supérieurs puisque l’Inspecteur d’Académie écrivait dans un rapport du 27 octobre 1921 : « Monsieur Camille Reymond, Directeur de l’école publique de Seyne-les-Alpes, qui vient d’être nommé en la même qualité à Forcalquier, est considéré comme un excellent maître de l’enseignement primaire… ».

Ses prises de position politique avaient un moment tendu ses relations avec la municipalité de Seyne-les-Alpes. Comme il souhaitait s’engager dans la lutte électorale dans les Basses-Alpes et particulièrement dans le canton de Volonne, ce qui à l’époque était incompatible avec sa situation d’instituteur dans le département, il avait demandé à être muté soit dans la Seine, soit à Marseille.

Aussi, le 01 mai 1922, était-il nommé instituteur adjoint, chargé de cours complémentaire à Marseille et affecté à l’école des Chartreux. Ses dons de travailleur manuel et l’apprentissage qu’il avait suivi chez un oncle parallèlement à ses études, l’amenèrent à enseigner la menuiserie. Il acquit une certaine notoriété dans cette discipline et fut l’un des pionniers de l’enseignement technique.

La carrière politique de Camille Reymond devait commencer le 14 mai 1922, le jour où il fut élu conseiller général du canton de Volonne, battant Raoul Angles, conseiller général sortant. Il devait conserver son mandat jusqu’en 1955, date à laquelle son fils lui succéda.

Au début des années 20, il avait acheté une maison à Château-Arnoux, le pays d’origine de Madame Reymond qu’il avait épousé à Thoard, le 17 novembre 1908. Il venait y passer régulièrement les vacances. Le 03 mai 1925, il y fut élu conseiller municipal sur la liste de Victorin Maurel qu’il seconda de tout son poids politique pour mener à bien une œuvre qui, pour l’époque, était colossale. Il fit là l’apprentissage de l’administrateur communal, sage et dynamique, qu’il devait devenir plus tard.

Entre les deux guerres, il fut plusieurs fois candidat à la députation, ce qui lui permit de porter ses idées dans les villages les plus reculés du département.

La guerre et la défaite en 1940 devaient profondément bouleverser le fervent pacifiste et le solide républicain qu’était Camille Reymond. Il fut d’ailleurs l’une des premières victimes du gouvernement de Vichy : en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie, il fut mis d’office à la retraite de son poste d’instituteur et, pour la même raison, déclaré démissionnaire d’office de son siège de conseiller général par un arrêté du 26 octobre 1941, signé de Pierre Pucheu, le ministre de l’intérieur de l’époque.

Etabli définitivement à Château-Arnoux, il participa tout naturellement à la résistance contre l’occupant au sein de l’Armée secrète, dont il devint le chef pour le secteur. Sa maison servait de relais aux nombreux Résistants qui transitaient par la vallée de la Durance. Il a reçu tous les chefs de la résistance. Arrêté le 03 juin 1944, sur dénonciation, par la Gestapo avec son fils Guy, il fut libéré faute de preuves et en raison de son âge, tandis que son fils était déporté en Allemagne.

Après la libération de la commune, il fut placé à la tête du Comité local de libération, « selon les ordonnances du gouvernement », et le 18 août 1944, désigné pour présider la délégation spéciale qui prenait en main les destinées de Château-Arnoux-Saint-Auban.

Les électeurs devaient confirmer ce choix en votant sa liste lors des élections municipales du 29 avril 1945. En mai 1945, le conseil municipal l’élisait maire à l’unanimité. Il fut ensuite reconduit à chaque consultation municipale.

Les électeurs du département l’envoyèrent siéger aux deux assemblées constituantes lors des scrutins du 21 octobre 1945 et du 02 juin 1946. Au sein de ces assemblées, comme au Conseil général, où il retrouva son mandat et devint président de la commission des finances, son action fut déterminante pour le département des Basses-Alpes.

Les solides amitiés et les nombreuses connaissances qu’il avait nouées pendant ses deux mandats de député lui ont ensuite facilité la tâche qui l’attendait comme maire de Château-Arnoux. Car c’est comme administrateur communal qu’il a donné toute sa mesure.

Dès le début de son mandat de maire, il réalisa l’un des rêves qu’il avait caressé avec son ami et maître à penser, Victorin Maurel : il amena le Conseil municipal à réaliser l’achat du Château et des biens qui en dépendaient, et, le 08 septembre 1947, signa l’acte qui rendait la commune propriétaire du château qu’avait jadis construit Pierre de Glandevès. La mairie s’y installa le 13 septembre 1948 et le lendemain Camille Reymond y célébra le mariage de deux de ses administrés, la mariée était une employée de la commune.

Cette acquisition ouvrait pour la municipalité que dirigeait Camille Reymond, l’ère des grands projets qui sous son impulsion, allaient être menés à bien :
- le lotissement de Font-Robert, édifié sur les terres du Château, fut le premier lotissement réalisé dans le département grâce à une idée originale de financement de Camille Reymond. Ce fut l’amorce d’une politique du logement particulièrement efficace d’une expansion foudroyante de la commune.
- La politique scolaire fut également menée intelligemment avec la construction du groupe scolaire « Paul Lapie » à Saint-Auban, l’agrandissement du groupe scolaire de Château-Arnoux et la construction de l’école de quartier. Enfin, suite logique de cette politique scolaire, la création d’un cours complémentaire qui devait être l’embryon du lycée, puis du collège édifié au quartier de la Bastide Neuve, qui depuis le 15 mars 1968 porte son nom.

Château-Arnoux doit aussi à ce grand maire de très nombreuses autres réalisations de moindre importance, certes, mais qui ont aussi contribué à l’expansion de la commune : extension des adducteurs d’eau, des réseaux d’assainissement, construction d’une salle des fêtes, irrigation au quartier du plan, mise en place d’un réémetteur de télévision, installations sportives, etc …

Mais avec l’âge, sa santé devenant chancelante, Camille Reymond donna sa démission de maire en décembre 1965.

Le 30 décembre 1966, il eut la douleur de voir s’éteindre son épouse qui toute sa vie lui avait apporté un soutien sans faille. Il ne devait pas lui survivre longtemps puisque le 08 février 1967 il disparaissait à son tour, emporté par une embolie.

Au cours de sa longue carrière administrative et politique, de nombreuses décorations vinrent récompenser son dévouement à la Chose publique : il était chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, titulaire de la Médaille d’or de la Jeunesse et des Sports et de la Médaille d’honneur départementale et communale de vermeil.

Ajoutons qu’en 1954, il publia un livre intitulé « Château-Arnoux – Histoire et Géographie », très documenté, qui dans sa première partie s’inspire de la monographie de l’Abbé Maurel, et la complète dans sa deuxième partie, par la relation des évènements survenus après la parution de cet ouvrage.

La vie de Camille Reynaud a été un exemple de loyauté, de probité et de fidélité aux idéaux qu’il n’a cessé de défendre. La présence à la tête de la municipalité de 1944 à 1965 de cet administrateur sage et avisé a été une chance pour la commune de Château-Arnoux au service de laquelle il a mis toute son intelligence et son efficacité.

LUCIEN ARNAUD

M. Lucien Arnaud, secrétaire général honoraire de la mairie de Château-Arnoux a été le principal collaborateur de Camille Reymond de 1946 à 1966.