Visite au camp des Milles pour nos 3èmes

Visite au camp des Milles pour nos 3èmes

Sortie pédagogique au Camp des Milles

Le mardi 5 et jeudi 7 décembre 2023, dans le cadre du programme d’histoire et du parcours citoyen, toutes les classes de troisième sont allées Camp des Milles, situé près de la ville d’Aix-en-Provence.
La visite s’est déroulée en plusieurs étapes : Histoire, Mémoire et Réflexion.
 Histoire : ce qu’il s’est passé au camp des Milles entre 1939 et 1942.
 Mémoire : voir et se représenter les lieux de l’époque.
 Réflexion : tirer les leçons de l’histoire du Camp des Milles pour agir aujourd’hui et demain.

Au commencement, le Camp des Milles était une tuilerie qui avait fait faillite à cause de la crise économique qu’avait connue la France durant l’entre-deux guerres. Puis en septembre 1939, la tuilerie fut réquisitionnée pour devenir le Camp des Milles. Il fut actif pendant plus de trois ans et hébergea plus de 10 000 internés venus de 38 pays, dont de nombreux artistes et intellectuels.

Son histoire se découpe en trois grandes phases, correspondant aux différentes catégories d’internés qui y sont restés : ressortissants du Reich et légionnaires, étrangers souhaitant émigrer, juifs raflés. À travers ces étapes, on peut interpréter l’évolution tragique de la répression des étrangers, notamment des Juifs, sous le régime de Vichy, qui culmine en août et en septembre 1942 avec la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants qui sont passés par les camps Drancy et Rivesaltes.

De septembre 1939 à juin 1940, ce fut camp de concentration pour « sujets ennemis ». L’histoire de ce camp commença sous la Troisième République, au début de la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le gouvernement Français décida d’interner des ressortissants du Reich, même s’ils étaient de véritables antifascistes ayant fui depuis longtemps le nazisme. On y retrouvait énormément d’intellectuels et d’artistes. Ils vivaient dans des conditions précaires, mais encore correctes. Durant leur période d’enfermement, les artistes créaient de nombreuses œuvres d’art comme des poèmes, des peintures, des sculptures retrouvées en très bon état. Les internés eurent même l’occasion d’écouter un opéra. Ils étaient venus en France pour chercher refuge loin de leur pays d’origine. Les détenus étaient paradoxalement et tragiquement considérés comme des « objets hostiles », victimes de la xénophobie, de l’absurdité et du chaos administratif qui les entourait. Dans le Sud-Est, ces étrangers furent emprisonnés aux Milles des Tuileries, puis abandonnés. Ce bâtiment industriel devint un camp d’internement sous le commandement de l’armée française.

De juillet 1940 à 1942, ce fut un camp de concentration pour « éléments indésirables ». En juin 1940, avec la défaite de la France et la signature de l’Armistice, la deuxième phase débuta. Ce fut à cet endroit que se déroula l’intrigue du « Train de mille kilomètres », rendu célèbre par le film de Sébastien Grall. À partir de juillet, sous le régime de Vichy, le camp devint rapidement surpeuplé (3 500 internés à la fois en juin 1940). Durant cette période, des étrangers des camps de réfugiés du sud-ouest furent transférés au Milles, notamment d’anciens membres de la Brigade internationale espagnole et des Juifs déportés du Palatinat, du Wurtemberg et du Bade. À partir de novembre 1940, le camp fut placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et devint le seul camp de transit en France pour les immigrés d’outre-mer, en transit régulier ou clandestin, avec l’aide de particuliers et d’organismes ou de services locaux et internationaux. Au fil du temps, les conditions de détention se dégradèrent : vermine, maladie, promiscuité, nourriture insuffisante, et manque de place.

En août et septembre 1942, le Camp des Milles se transforma en camp de déportation où plus de 2 000 juifs, dont hommes, femmes et enfants, furent déportés vers Auschwitz via Drancy ou Rivesalt. Vichy accepta de transporter 10 000 Juifs des zones dites « libres » vers l’Allemagne. Début juillet 1942, Pierre Laval proposa que les enfants de moins de seize ans soient inclus dans les déportations. Le 3 Août, le camp ferma. Les femmes et les enfants juifs de la région furent dirigés vers le camp des Milles pour rejoindre d’autres détenus avant d’être expulsés. Les réfugiés politiques juifs ou les étrangers servant dans l’armée française ne furent pas épargnés. Une centaine d’enfants âgés d’à peine un an furent déportés. Au total, il y eut cinq convois de déportation. Les déportés étaient entassés dans des wagons à marchandises sans nourriture, sans eau et certains succombèrent même par asphyxie. Les internés du Camp des Milles furent déportés vers des camps de concentration et d’extermination où beaucoup d’entre eux trouvèrent la mort. Certains internés du camp des Milles essayèrent de se suicider pour éviter la déportation. Face à cela, des associations furent créées pour aider les déportés, et des individus firent des actes de résistance chacun de leur côté, comme un gardien du camp et sa femme qui cachèrent et firent s’évader des jeunes enfants juifs. Ces événements se produisirent avant même que l’Allemagne n’occupe le Sud-11 novembre 1942. Après septembre 1942, le camp, encore centre de transit, survécut : ses derniers occupants, peu nombreux, quittèrent le mur de briques en décembre 1942.

A la fin de cette visite marquante, les élèves ont visionné un documentaire sur les conséquences que peuvent avoir des préjugés, quels qu’ils soient. Ce court métrage rendait aussi hommage à toutes les personnes victimes de l’holocauste, du génocide arménien et du génocide des Tutsis.

La visite au Camp des Milles, lieu chargé de mémoire et de significations, a été bien plus qu’une simple sortie pédagogique. Ce fut une plongée dans le passé, avec un rappel poignant des conséquences de l’intolérance. Ce fut également une invitation pour chaque adolescent à lutter contre les discriminations, à être un gardien vigilant de la paix et de la justice dans le monde moderne.
Cette expérience a été à la fois bouleversante, captivante, et enrichissante. Elle a permis aux collégiens de prendre conscience des horreurs que peuvent commettre les êtres humains et de l’importance de ne pas oublier ces événements tragiques, afin que cela ne se reproduise plus jamais.