Mythes, épopées, contes merveilleux d'ailleurs. Compagnie L'Oeil Magique.

Mythes, épopées, contes merveilleux d'ailleurs. Compagnie L'Oeil (...)

Le lundi 12 février et le jeudi 15 février, dans le cadre du PEAC et des enseignements de Lettres autour du thème « Le monstre aux limites de l’humain », tous les élèves de sixième ont assisté dans l’amphithéâtre du collège Pierre Matraja aux interventions pendant deux heures du conteur Julien Labouche de la Compagnie marseillaise L’oeil Magique.

Julien Labouche est conteur depuis 2005 et musicien. Il est passionné par les traditions orales. Chacune de ses créations est l’occasion d’une immersion dans la tradition musicale et littéraire de culture proche ou lointaine. Ce métier lui donne le goût d’être ensemble. Ecouter une histoire permet de se réunir dans une écoute partagée, écouter la voix d’un autre monde : on entend cette voix dans les grands récits, les mythes, les épopées et les contes merveilleux. Il raconte en musique, en chansons, et il s’accompagne d’un Kamalengoni, harpe luth d’origine africaine, ou bien du Saz, luth turkmène, ou bien encore du Doudouk, hautbois arménien.

Tout d’abord, les élèves ont pu écouter un mythe égyptien sur le cycle du jour et de la nuit. Le dieu du soleil Rê et deux autres dieux traversaient la nuit en barque. Le dieu de la magie ouvrait des portes pour passer de la nuit au jour. Entre ces portes, un serpent voulait détrôner le dieu Rê, afin de faire régner les ténèbres. Mais les dieux réussirent à l’en empêcher.

Ils ont découvert ensuite sur le même thème un conte des Inuits du Groenland. Un corbeau noir avait besoin du jour pour voler. Grâce à une parole magique, il faisait jour tout le temps. Un renard blanc avait besoin de la nuit pour piller les hommes. Grâce à une nouvelle parole magique, il faisait nuit tout le temps. Une dispute éclata entre le corbeau et le renard. Voici comment est apparu le cycle du jour et de la nuit.

Julien Labouche leur a également raconté une histoire arménienne au sujet d’une ogresse. Deux garçons habitaient ensemble. Un jour, ils partirent chasser. Un des deux blessa un corbeau et une goutte de sang tomba sur la neige. Cette goutte de sang lui fit penser aux lèvres d’une très belle femme qu’il avait vue dans ses rêves. Cette femme habitait avec sa mère qui était une ogresse. Il partit à sa recherche en devant surmonter de nombreuses épreuves périlleuses. Il finit par la trouver chez elle. Ils s’enfuirent. L’ogresse, en les poursuivant, tomba dans une rivière et se noya. Ils se marièrent et vécurent heureux.

Les enfants ont eu le plaisir d’entendre un autre conte arménien. Il était une fois un oiseau qui avait une épine dans la patte. Une vieille dame lui enleva l’épine et l’oiseau lui dit qu’elle pouvait garder l épine. Mais elle avait froid. Elle prit l’épine, elle la mit dans la cheminée et fit du feu. L’oiseau rentra chez la vieille dame et demanda de lui rendre son épine. Elle lui répondit que comme elle avait froid, elle l avait prise pour se réchauffer. L’oiseau se mit en colère et exigea autre chose en échange. La vieille dame lui donna la moitié d un morceau de pain et il s envola. Il vit un berger qui avait un morceau de fromage. Le berger leva la tête et vit le morceau de pain. Il prit le pain et le fromage, et il les mangea. L’oiseau était en colère, car le berger lui avait volé son pain. L’oiseau se dirigea vers la plus grosse des brebis appartenant au berger, la prit et s’envola. Soudain, il entendit une musique festive : c’était un mariage. Les mariés virent la brebis et ils la mangèrent. L’oiseau prit la mariée et s’envola. Il entendit une musique triste et il aperçut un garçon assis, les yeux fermés, écoutant une musique qui parlait d’amour, car ce garçon rêvait de connaître l’amour. Celui-ci ouvrit les yeux et vit la mariée. Ils avaient les yeux qui brillaient et ils s’embrassèrent : ce fut le coup de foudre. L’oiseau conclut qu’il n’avait plus rien à faire et il s’envola. L’oiseau eut une chanson qui racontait son histoire.

Le Prince serpent est un conte de Roumanie que les collégiens ont particulièrement apprécié. C’est l’histoire d’un roi et d’une reine qui voulaient un enfant, afin d’avoir un héritier. Une fois que la reine fut enceinte, elle mit au monde un garçon qui était un serpent. Le roi, ayant du mal à l’accepter, l’enferma dans la plus haute tour du château et le priva de toute vie sociale. A l’âge de 17 ans, celui-ci exprima à sa mère son désir de se marier. La mère, cédant à ses caprices, échangea à plusieurs reprises des bourses d’or contre les filles d’un cordonnier. Cependant, le prince serpent, n’ayant pas reçu de tendresse depuis sa jeunesse, manifesta son amour en mangeant les jeunes filles lors de la nuit de noces. Le prince serpent réclama une troisième fois de se marier, car il ne restait plus personne à ses côtés. La reine céda encore une fois et obtint la dernière fille du vieil homme. Celle-ci était différente des autres : elle ne possédait pas les mêmes sentiments ni rêves que ses deux autres sœurs. Elle rencontra une vieille femme sur son chemin qui lui donna de précieux conseils. Elle suivit les recommandations de la vieille dame lors de sa nuit de noces avec le prince serpent et tout se passa comme prévu. Il arracha au fur et à mesure sa peau écailleuse, sa fourrure faite de poils noirs et sa peau de pierre. La reine, inquiète, monta le lendemain dans la chambre du prince serpent, car elle n’avait entendu aucun bruit : elle tomba sur un jeune garçon charmant et une demoiselle qui venait de faire le ménage dans la chambre. La reine fut stupéfaite. Toutes ses carapaces avaient empêché le Prince serpent de connaître l’amour. La reine organisa ensuite un vrai mariage pour son fils qui dura sept jours et sept nuits.

Enfin, M. Labouche a terminé son spectacle par un conte de Bretagne sur la naissance des histoires. Il y avait un bûcheron qui vivait avec sa femme. Il vendait du bois dans le village d’à côté. Le soir, il déposait sa hâche, prenait un bâton et frappait sa femme à coups de bâton. Un jour, la femme se rendit compte qu’elle était enceinte. Elle était très contente. Cependant, elle pensa qu’elle pourrait encore supporter les coups de bâton, mais que son enfant, lui, ne le pourrait pas. Alors la tristesse s’empara d’elle, et elle essaya de trouver une solution. Puis, quand le soir arriva et que mari s’apprêta à la frapper, elle se mit à lui raconter une histoire. Cela plut à son mari et, tous les soirs, il demandait la suite de l’histoire à sa femme. Celle-ci continua de raconter la suite de son récit pendant neuf mois. Le jour où l’enfant naquit, son père et sa mère furent envahis d’amour. Depuis les histoires sont racontées de génération en génération.
Ainsi, Julien Labouche raconte pour le plus grand bonheur de tous des contes merveilleux et des mythes d’univers très variés. Il s’intéresse aux autres cultures et le conteur doit parfois se transformer en ethnologue, afin de comprendre les us et coutumes d’un peuple et pouvoir raconter ses histoires.
Les élèves ont pu poser et se poser des questions, découvrir des histoires , entendre la différence entre un conte lu et un conte raconté par un conteur et comparer les différentes versions d’une même histoire à travers le monde. Ils ont éprouvé le vif plaisir d’écouter et de voyager grâce à la beauté des mots et à l’imagination.

Les élèves du Pôle media et Mme Autran