Hommage à Samuel Patty : le principe de laïcité au cœur de la réflexion des élèves

Hommage à Samuel Patty : le principe de laïcité au cœur de la réflexion des (…)

Présentation de la réflexion des élèves de 3ème au recteur d’académie M. Bernard Beignier.

Ils s’appellent Paola, Paul, Stella, Elouane, Théo ou Lisa. Les collégiens de l’établissement Font d’Aurumy à Fuveau ont prouvé hier matin que la laïcité n’est pas un vain mot perdu dans les limbes de la démagogie. Ce 9 décembre, journée symbolique, date à laquelle la France adopte le principe de laïcité en 1905, et en écho 115 ans plus tard à l’assassinat du professeur Samuel Paty, les élèves de 5e et de 3e ont proposé un travail et une réflexion sur ce concept non cessible de la République français. Une présentation, sous la houlette de leurs professeurs d’histoire-géographie et d’éducation civique, M. Hautefaye et Mme Lagier-Bosq, et en présence du recteur de l’académie Bernard Beignier, accompagné de la députée Anne-Laurence Petel et du maire Béatrice Bonfillon-Chiavassa.
« La laïcité est un concept original, difficile, fruit de l’histoire d’un peuple, les Français, et de leur lutte interne. C’est un concept porteur d’avenir. Il nous garantit une sérénité dans nos convictions et de vivre ensemble dans un même espace. Nous devons être fiers d’être attaché à ces valeurs, a confié le principal Philippe Benoit-Lizon. Avec l’action de l’école qui a la vocation de faire grandir des êtres libres et capables de penser par eux-mêmes. »

Aussi simple et beau qu’une lettre
« Cette année, cette journée prend une signification particulière. Le travail entrepris avec les 5e6 a pris racine après l’hommage à Samuel Paty. On a étudié la lettre aux instituteurs de Jean Jaurès, on a rappelé le rôle de l’école dans notre République pour faire des élèves des citoyens, des hommes libres. On a discuté pour lever les doutes, répondre aux questions, évoquer les raisons de cet assassinat et pourquoi il avait eu une telle résonance. Il était nécessaire de donner un contenu à la liberté d’expression aujourd’hui éprouvée afin qu’elle fasse sens », a expliqué le professeur M. Hautefaye.

Sur le modèle de la lettre d’Albert Camus à son instituteur M. Germain, chaque élève a écrit la sienne adressée à M. Paty. De manière anonyme, ils étaient libres de leurs mots. Parmi les 90 lettres écrites, cinq ont été lues hier matin (lire des extraits ci-contre). De manière très douce mais avec des mots parfois forts, ils ont donné leur ressentiment et leur définition de la laïcité, de la liberté. C’est dans le jardin où un olivier planté lors de l’hommage à Samuel Paty, qu’ils ont accroché ces textes aux branches.

« L’assassinat de notre collègue Samuel Paty nous a mis un genou à terre. C’est en pensant à lui qu’on a repris la classe en novembre. Je pense aussi aux jeunes professeurs qui débutent, comme M. Hautefaye, comme il est dur de rentrer dans ce métier dans ces conditions et c’est pourtant un très beau métier, a rappelé Mme Lagier-Bosq. Éclairer les esprits est encore le plus utile et le plus nécessaire. La laïcité est une notion riche et complexe surtout devant un public de collégiens. » Pour Lisa, qui a pris la parole ce matin-là, « la laïcité c’est la neutralité de l’État en matière religieuse. C’est une valeur de la République écrite dans notre constitution ».

À leurs côtés, Anne-Laurence Petel a rappelé aussi les ravages du harcèlement sur les réseaux sociaux. « Samuel Paty a aussi été assassiné par ce déchaînement sur les réseaux. On n’a pas le droit d’insulter et de provoquer la mort de quelqu’un. »

Si l’attentat de Conflans- Ste-Honorine était dans toutes les allocutions, le recteur Bernard Beignier a demandé aux élèves de se souvenir que « la rime naturelle de laïcité est liberté. L’une ne va pas sans l’autre. L’autre rime est sérénité. C’est se respecter et apprendre à comprendre l’autre ».

Quand la laïcité est une valeur sans cesse éprouvée, il faut l’enseigner pour la respecter.
FV