Rencontre Fanny Chartres le 27 janvier

Rencontre Fanny Chartres le 27 janvier

Dans le cadre du Printemps du livre de Cassis, trois classes, deux de 6° et une de 4° ont rencontré pendant une heure au C.D.I, Fanny CHARTRES.
Parmi les six romans de littérature jeunesse écrits par Fanny CHARTRES, trois titres ont été choisis pour chacune des trois classes.

27 chapitres et un peu plus pour être heureux en toute circonstance pour la classe de 6°C de Madame PERRIN.

Strada Zambila pour la classe de 6D de Madame MAALAOUI

et pour finir les Inoubliables pour la classe de 4A de Monsieur SALGAS.

En moins de dix jours, les livres ont circulé. Certes, les élèves n’ont pas tous réussi à lire un roman en si peu de temps.
Mais le défi a été relevé pour tous les élèves de la classe de 6C. Les autres élèves n’ont pas démérité, ils ont bien avancé dans la lecture, se sont investis dans la préparation de questions, dans la réalisation d’illustrations.

Fanny CHARTRES a accueilli chaque classe avec beaucoup de chaleur et d’entrain.

Au début de chaque rencontre, Fanny s’est présentée.

Elle a 42 ans, elle vit actuellement dans la région parisienne près de Créteil, a passé son enfance en Bretagne. Elle a vécu et travaillé dix ans en Roumanie.
Et c’est la dernière année, à l’âge de 36 ans qu’elle a écrit son premier roman Strada Zambila. Il a été édité à l’école des Loisirs comme ces cinq autres romans.
De formation littéraire, elle a exercé plusieurs métiers comme celui de traductrice ou encore de documentaliste.

Également pour chaque rencontre, Fanny Chartres a répondu à des questions similaires, classiques :

Vos livres sont-ils inspirés de votre vie ?

Au début, ces premiers romans étaient inspirés de sa vie, aujourd’hui de moins en moins. Il y avait une urgence au tout début de parler de soi mais d’une manière détournée. Fanny avait besoin de coucher sur papier ses émotions. Il était important pour elle, de parler de la Roumanie, ce pays dans lequel elle a vécu dix ans d’abord dans Strada Zambila puis quelques années plus tard dans Les Inoubliables. Dans ces deux récits, il est question, des émigrés roumains qu’on appelle les « cueilleurs de fraises » . La pauvreté était telle après l’implosion de l’URSS, que les roumains étaient nombreux à quitter leur pays, leurs enfants pour aller travailler à l’étranger. Au début, ils étaient des cueilleurs de fraises, aujourd’hui, ils s’occupent d’enfants et des personnes âgées dépendantes dans les pays de l’UE.

Les lieux cités et évoqués sont également réels.

Il en est ainsi de la Maison du Peuple dans le roman des Inoubliables qui n’est autre que l’immense Parlement Roumain construit à l’époque du dictateur Ceausescu. Pour construire ce monumental parlement, tout un quartier a été détruit.

Également, les personnages de ses romans semblent réels. Même si la part d’imaginaire est très importante dans ses récits.

Rien d’étonnant elles aime lire et écrire des romans qui s’inscrivent dans la vie quotidienne.

Elle s’intéresse aux histoires de famille notamment aux familles imparfaites.

Fanny est très attachée aux liens d’amitié, aux liens fraternels. Encore aujourd’hui elle est très proche de son frère et de sa sœur. Dans Solaire, la situation familiale est complexe, frère et sœur se protègent. Ernest vole au secours de sa sœur Sara . Il se rend compte de sa souffrance. Pour décrire et dépeindre les relations entre Zoé et Ilinca dans Strada Zambila, Fanny s’inspire de ses relations avec sa sœur. Fanny est à la fois Zoé et Ilinca. Petite fille, elle ressemblait à Zoé puis plus tard à l’adolescence, plutôt à Ilinca.
Ainsi pour façonner des personnages, elle puise dans son vécu, mais aussi dans des photos ou encore dans des films qu’elle a vu. Parce que rien de tel qu’un film pour donner une atmosphère.
Pour montrer à quel point, elle s’inspire de sa vie pour construire ses personnages, elle prend l’exemple dans Strada Zambila, du SDF qu’elle rencontre tous les jours quand son grand-père l’amène en taxi à l’école. Elle nous explique que quand , elle vivait à Bucarest, elle rencontrait tous les jours, au même feu le même sans abris pour qui elle éprouvait à la fois de la tendresse et de la peine.


De nombreuses questions ont concernés le métier d’écrivain
 :

Le métier d’écrivain est-il compliqué ?

Pour Fanny, tout métier est compliqué. Pour elle, le plus complexe est de se lancer en écriture, de commencer un récit, de construire des personnages. Elle se pose énormément de questions au début : quel temps utiliser ? Va-t-elle parler à la première personne ou à la 3° personne ?
En revanche, elle éprouve beaucoup de plaisir, à corriger son texte, à retravailler le premier jet. Pour ce travail de réécriture, elle traque les répétitions, les incohérences en faisant une lecture à voix haute. Elle retravaille les personnages pour leur donner une étoffe.

Comment écrivez vous ?

A chaque phase d’écriture, correspond des lieux et des supports différents.
Au début, avant de débuter un nouveau roman, elle écrit à la main dans des petits carnets n’importe où et n’importe quand : la nuit après un rêve ou une insomnie ou le jour dans les transports, en bibliothèque......Avec une des classes, elle montre ses petits carnets qui l’accompagnent partout dans lesquels se trouvent des notes sur les personnages, les décors , le scénario........
Par contre le travail d’écriture et de réécriture se fait à la maison sur un ordinateur.
Il lui a fallu trois mois pour écrire 27 chapitres et un peu plus pour être heureux en toute circonstance et quatre mois pour retravailler le texte. En revanche, pour écrire le premier jet de son premier roman, Strada Zambila, cela a été beaucoup plus rapide. Un mois et demi seulement. Ce premier roman a infusé pendant longtemps !!!!!!
Fanny écrit quand, elle a le temps entre une 1 et 4 heures par jour.
La plupart du temps le titre est trouvé après.
Une fois que le texte est écrit, il faut compter de nombreux mois avant la publication. A l’école des loisirs, le texte bénéficie d’une double correction.

Pouvez-vous vivre de votre métier d’écrivain ?

Fanny ne peut pas vivre de son métier d’écrivain. Elle n’écrit pas des livres de Science Fiction ou de Fantasy qui ont un grand tirage. Très peu d’auteurs de littérature jeunesse peuvent vivre de leur métier d’écrivain. L’édition d’un livre implique de très nombreux métiers. L’écrivain touche qu’un très faible part du prix de vente. A l’école des Loisirs, sa rémunération se fait en deux temps : dans un premier temps, à l’issue d’un contrat signé, elle touche, 2700 euros puis dans un second temps, elle touche 8% des ventes à condition d’épuiser les premiers tirages soit les 3000 exemplaires. Le nombre des ventes est conditionné par les critiques littéraires mais aussi par les différents prix organisés.
C’est pourquoi ne pouvant pas vivre de son métier d’écrivain, elle est également correctrice pour deux journaux Mon Quotidien et le Petit Quotidien. Cependant ayant obtenu une bourse d’écriture pour une durée de huit mois, elle pourra s’adonner pendant toute cette période à sa passion d’écriture.

Pourquoi avoir choisi d’écrire pour la littérature jeunesse ?

La littérature occupe une place fondamentale dans sa vie. On peut dire que l’écriture et avant l’écriture, la littérature structurent sa vie. La littérature est rentrée dans sa vie quand elle était au CM1 ou peut être même au CM2 grâce à son instituteur. Il lui a permis de rentrer en littérature. En pratiquant la lecture à haute voix, il lui a ouvert de nouveaux horizons. A cette époque à la fin de l’heure, elle a demandé à l’instituteur si elle pouvait emprunté le livre qu’il avait commencé à leur lire à haute voix. Ainsi grâce à cet instituteur, un déclic s’est opéré. La lecture lui a ouvert les portes de l’aventure, du plaisir, du rire.....La vie dans sa famille était compliquée. La littérature lui a permis de se changer ses idées, de répondre aux questions qu’elle se posait. Dernièrement, elle a écrit à son ancien instituteur pour le remercier. Elle rend hommage à tous les auteurs, les écrivains qui l’ont accompagné enfant.

Parmi les livres que vous avez écrit, pourriez vous nous dire quel est celui que vous préférez ?

Il est très difficile de répondre à cette question. Cependant, Fanny a pris beaucoup de plaisir à écrire son dernier livre : 27 chapitres et un peu plus pour être heureux en toute circonstance. Ce livre est beaucoup plus léger que les autres. Elle a passé un bon moment à l’écrire. Elle s’est beaucoup amusé en l’écrivant.

Même si on retrouve des questions similaires, les rencontres ont été différentes d’une classe à l’autre

La classe de 4A a ouvert le bal avec le livre des Inoubliables. En amont, les élèves ont travaillé en équipe. Certains élèves ont posé des questions sur le livre, d’autres sur le métier d’écrivain. D’autres encore ont réalisé des illustrations et pour finir au moins deux élèves ont choisi de lire deux passages du roman.

Ainsi avec les 4A , Fanny CHARTRES nous a replongé dans son livre Les Inoubliables.
Les Inoubliables désignent cinq élèves allophones nouvellement arrivés en classe de seconde dans un lycée parisien. On les appelle les EANA. Ils viennent d’un peu partout : de Turquie, de Bulgarie, de Corée, d’Angleterre ou comme le narrateur Luca de Roumanie. Des liens d’amitié indestructibles se tissent entre eux. Ils partagent entre eux une même nostalgie de leur pays natal. La langue roumaine a un mot pour désigner ce manque, cette souffrance liée à l’absence du pays : le mot « dor ». A ce groupe d’allophones se rajoute, une jeune fille française Anna. Elle a le rôle de tutrice. Elle a été choisie pour les guider dans leur nouvel univers. Très rapidement, elle se rapproche de Luca. Elle partage avec lui de nombreux points communs. Elle porte en autre le même prénom que la mère de Luca. Il faut lire les Inoubliables pour comprendre à quel point leurs destinées sont liées.

Une élève 4A Marie a bien compris la complexité des émotions des migrants. Très souvent, ils souffrent parce qu’il y a un fossé entre le rêve de partir et la réalité, un fossé entre l’image du pays d’accueil et la réalité. Elle a traduit cette complexité en un dessin sur lequel elle a représenté en miroir la Tour Eiffel symbole de la France et la Maison du Peuple, symbole de Bucarest. Pour Luca, Paris symbolisé par la Tour Eiffel n’est pas synonyme de joie, de bonheur de gaîté. Elle n’apporte ni lumière ni chaleur. En revanche, il associe à la Maison du Peuple, des rires , de la joie.

Deux élèves ont lu un passage des Inoubliables. L’un des deux passages correspond à un début de chapitre. Il montre l’attachement de Luca pour sa mère.

« Ana. Trois lettres, deux de moins que dans « maman », mais la même douceur, les mêmes voyelles, les mêmes possibles......J’avais tout simplement décidé de faire de maman et Ana une seule et même personne... » Ana était pleine de contradictions, tout comme l’était aussi celle que j’appelais « maman »

Une autre élève Zoé a elle aussi choisi un passage emblématique du livre, un passage qui met face à face les deux Ana, la mère de Luca et son amie comme si on était en présence d’un miroir :

« Suivant le regard de mon amie qui passait du portrait de ma mère au reflet du miroir, j’ai senti un frisson me parcourir jusqu’aux pieds. Les yeux d’Anna : noirs, profonds, obscurs, mystérieux.... Ceux de maman : noirs, profonds, obscurs, mystérieux.Et leurs chevelures : cette même épaisseur, cette même couleur brune... »

Avec la classe de 6° qui a lu la Strada Zambila, Fanny, a beaucoup parlé de la Roumanie. C’est dans ce pays qu’elle a écrit son premier roman. C’est avec cette classe qu’elle a montré que dans son premier livre, elle parle beaucoup d’elle à travers Zoé et Ilinca. Les élèves ont été très sensible à l’écriture, un élève a compris l’importance de la poésie dans son écriture.
La Strada Zambila est émaillé de paroles de chansons de poèmes. Zoe lit et écrit des poèmes.

« Un long hiver nous a touchés
Blanches sont les fleurs
Tous les moutons ont bêlé
Blanches sont les fleurs
Les bergers les ont entendus
Blanches sont les fleurs »

Stefan Hrusca

Elle écrit un poème sur « les cueilleurs de fraises », mais elle est trop jeune pour savoir que les cueilleurs désignent d’une manière péjorative les pauvres migrants roumains.

« Des fraises nous irons cueillir
Dans les bois nous irons courir

A la maison nous rentrerons l’air joyeux
Avec nos paniers chargés des jolis fruits juteux

Grâce à nous, maman fera une tarte aux fraises
Tandis que Papa passera ses charentaises.

Avez-vous tous compris
Ce que veut dire ma poésie ?

La vie, c’est comme une fraise
Ne la laissons pas filer à l’anglaise ! »

Pour finir avec la seconde classe de 6°, elle a abordé son dernier livre 27 chapitres et un peu plus pour être heureux.
Elle n’a pas eu de souffrance pour écrire ce livre. Elle s’est beaucoup amusé.
Chacun des 27 élèves de la classe a réalisé une carte créative correspondant à un des 27 chapitres.
Les élèves devaient réaliser une illustration correspondant à un passage du chapitre. Aussi , les élèves ont posé des questions précises. Ils ont voulu savoir quels étaient les passage du livre qu’elle préférait.

Les élèves se sont précipités à la fin de la séance pour avoir des dédicaces.

Un grand merci à Fanny CHARTRES, aux professeurs et bien sûr à tous les élèves.


Blog Fanny Chartres

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