Andy's gone

Andy's gone

Lundi 13 novembre, les troisièmes F et D ont assisté à un spectacle de La Joliette dans l’amphithéâtre : ANDY’S GONE de Marie-Claude Verdier, mis en scène par Julien Bouffier.

Il s’agit d’une relecture d’Antigone, d’une adaptation moderne qui introduit des thèmes contemporains et d’une brûlante actualité : guerre, migration, fermeture des frontières...

Apparition de la Reine parmi la foule.
copyright : Marc Ginot

Tout d’abord, les élèves sont réunis sur le plateau et équipés de casques audio. La scène est plongée dans le noir, c’est particulièrement immersif. Des sirènes, des rafales et des explosions se font entendre, l’amphithéâtre est clairement un refuge, un bunker.
La reine entre en scène... magistrale - « Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse » - et déplore la perte de son fils, Henry.
L’actrice est émouvante.

Face à face
copyright : Marc Ginot

Et puisque le théâtre est affaire de conflits, de frictions, de débats, arrive peu après, Alisson, nièce de la reine, qui conteste son autorité, refuse de s’associer au deuil de la famille car le portrait du défunt serait mensonger. Mais peut-on en vouloir à une mère de se créer un fils parfait et d’arranger la vérité quand il n’est plus ?

Alisson dénonce la supercherie. Elle a bien connu son cousin, Andy, ils faisaient les quatre cents coups ensemble. La reine déforme même le nom de son propre enfant pour réécrire l’histoire. Inadmissible !
Etreintes violentes, pleurs, cris et suppliques pour faire entendre sa voix ou faire taire celle de l’autre. Le spectacle est prenant et intense.

La reine tente de censurer sa nièce. Quelle belle idée de nous couper le son et de placer une musique d’ambiance pour nous priver de leur échange. Il fallait enlever les casques pour poursuivre leur dispute !

La ville est en état de siège et la crise familiale se double d’une fracture sociale. Aux portes de la cité, derrière les remparts, se tiennent des milliers de réfugiés, de migrants.
Si Alisson succède à son cousin, elle risque de ruiner tous les efforts de sa tante qui a su préserver sa cité « des invasions barbares ».
Alisson, l’obstinée, la têtue - comme son modèle antique - devient gênante...

Dans un second temps, les élèves ont bénéficié d’un échange avec les comédiens puis d’un atelier inspiré du contexte de la pièce.

Les élèves devaient se déplacer dans cette cité assiégée, quelques heures avant le couvre-feu qui allait les mener dans le bunker du début.
Un climat de suspicion et d’angoisse allait croissant. Les élèves devaient s’espionner, échapper aux milices et noter en quelques mots ce qu’ils avaient vu ou ressenti.

Ces phrases, mises en commun et lues à la fin, rendaient bien compte de la tension et du ton tragique de la pièce :

 J’ai vu... des morts.
 J’ai vu des enfants abandonnés

 J’ai entendu des coups de feu
 J’ai entendu des sirènes

 Je voudrais revoir mes parents
 Je voudrais...

Merci à la compagnie pour ce spectacle qui a marqué les esprits et qui fait écho aux textes que l’on aborde lorsqu’on traite de l’engagement et de notre rapport au monde.