Mercredi 21 février prochain, une cérémonie aura lieu au Panthéon pour l’intronisation de Missak et Mélinée MANOUCHIAN. Ces deux personnages, dont le nom est indissociablement associé à l’Affiche Rouge, illustrent le combat de français d’origine étrangère et d’étrangers vivant en France contre l’occupation nazie.
Année olympique oblige, les élèves de la classe Défense du collège ont travaillé cette année sur « les sportifs résistants ». Ils ont écrit une partie des paroles d’une chanson qui leur rendra hommage et l’enregistrerons au mois d’avril prochain avec la participation du 6MIC. Leur séjour à Paris a été relayé dans la presse ainsi que sur le site de l’académie Aix Marseille.
Parmi ces sportifs, le parcours de Rino Della Negra a été particulièrement étudié. Ce fils d’immigrés italiens a toujours vécu dans la haine du fascisme qui avait conduit ses parents à fuir l’Italie. Footballeur prometteur, sélectionné dans les équipes françaises de jeunes, il signe en août 1943 dans le prestigieux club du Red Star, l’un des plus vieux de France, au palmarès impressionnant dans l’entre-deux-guerres. Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien, aux côtés de Missak Manouchian et d’autres car membre des FTP MOI (Main d’Oeuvre Immigrée). Ces groupes combattants, proches du parti communiste, mènent des actions coup de poing contre l’occupant et les collaborationnistes : déraillement de trains, assassinats d’officiers allemands, attentats dans une librairie collabo etc... Ils sont pour la plupart étrangers ou juifs.
Pendant longtemps, leur mémoire s’est diluée dans l’histoire de la résistance. Des artistes, en général communistes ont perpétré leur souvenir comme Aragon ou Ferré. Aujourd’hui et depuis une vingtaine d’années environ, le grand public fait connaissance avec ces hommes et ses femmes qui avaient choisi la lutte armée comme d’autres, dans les Maquis.
L’entrée au Panthéon d’un personnage est toujours symbolique. Il est chargé de sens. Celle de Manouchian, et de manière générale, l’hommage rendu aux FTP MOI, s’inscrit dans une construction collective de la mémoire de la résistance. Elle fut l’œuvre de chefs éminents, de soldats héroïques mais aussi de femmes et d’hommes qui, tout en n’étant pas français ou de fraiche de date, partageaient l’idéal républicain, celui où, quelque soit ses origines et ses croyances, n’importe qui à une chance d’écrire sa propre histoire. La France était ce pays là dans les années 30. Un havre de paix dans une Europe fracturée par la haine, le fascisme et déjà la guerre. Les femmes et les hommes des FTP MOI ont cru à cet idéal au point d’en faire le sacrifice de leur vie. Dans les lettres qu’ils laissèrent à la postérité, nulle mention de haine envers les Allemands. Leur ennemi s’était l’intolérance, le nazisme, la collaboration, le racisme. C’est aussi cela que porte l’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian. Certains combats n’en finissent jamais d’être menés
Un programme du 21 février est présenté sur ce site
Pour en savoir plus sur le groupe Manouchian ou les FTP MOI, Arte diffuse une série de documentaires sur ce sujet. De nombreuses vidéos sont aussi disponibles sur Youtube dont voici quelques exemples :
- https://www.arte.tv/fr/videos/118451-000-A/vingt-et-trois-etrangers-et-nos-freres-pourtant/
- https://www.arte.tv/fr/videos/118762-001-A/annette-wieviorka-l-histoire-de-l-affiche-rouge/
- https://www.youtube.com/watch?v=JdpEwz8A5Vk
- https://www.youtube.com/watch?v=hK4Ejk3uNNA
Des ouvrages enfin ont fleuri depuis quelques années sur le sujet, livres ou BD